Au nord de Marseille (Bouches-du-Rhône), l'opération d'intérêt national (OIN) Euroméditerranée sert de lieu d'expérimentation. Le projet urbain Smartseille Odyssée, porté par Eiffage Immobilier Sud-Est, en est une nouvelle démonstration. Se développant à l'articulation des Fabriques, quartier en cours d'aménagement par Bouygues Immobilier et Linkcity, et de Smartseille, premier macrolot livré par Eiffage au sein de l'OIN, l'ensemble immobilier de 42 000 m2 SP (290 logements dont 30 % sociaux, 19 000 m2 de bureaux, commerces, un gymnase public de 1 700 m2 ) sera érigé sur le site d'une ancienne usine à gaz (2,9 ha).
L'élévation, entre 2026 et 2030, des 10 bâtiments répartis sur les trois îlots prévus passe par plusieurs phases. Eiffage a d'abord mis en place avec son assistant à maîtrise d'ouvrage Raedificare une ressourcerie. En fonctionnement pendant trois semaines, elle lui a permis de céder vasques, toilettes et autres équipements issus des entrepôts et bureaux de l'immeuble Gazocean avant sa déconstruction.
Procédés de dépollution
S'en est suivi le traitement in situ de la pollution des sols, conformément à l'arrêté préfectoral de tiers demandeur. « La démarche répond au souhait des parties prenantes d'un réemploi maximal des terres en place. Elle vise à minimiser l'impact environnemental du projet, notamment en évitant le déplacement de 750 camions qui aurait été nécessaire si nous avions enlevé du site les déblais pollués », explique Hervé Gatineau, directeur immobilier grands projets chez Eiffage Immobilier. Mobilisé depuis le mois de novembre 2024, son partenaire, l'entreprise spécialisée Ortec, a excavé la totalité des 3 000 t de terres, dont elle a débuté le traitement avec deux procédés différents.
Le premier est une méthode biologique (le biotertre) qui assainit les sols grâce à l'action des micro-organismes. Le second, la désorption thermique, consiste à les chauffer entre 200 et 250 °C afin d'en extraire les gaz pollués. Ces derniers sont aspirés en direction d'une unité de traitement installée sur place où ils seront refroidis et condensés avant un traitement final au charbon actif. Pour cela, l'entreprise spécialisée rassemble, par roulement, 800 m3 de terre sur une « pile » formée d'un complexe d'étanchéité et d'une isolation thermique.
Traitement des eaux grises
Le plan de gestion établi par le bureau d'études EODD a aidé Ortec à définir le taux de concentration des polluants (hydrocarbures, cyanure, métaux…), à identifier ceux à évacuer et ceux à traiter in situ, pour atteindre un taux d'abattement de la pollution de 99 %. «Il faut tabler sur six à douze mois de traitement d'où la mise en place d'une zone de stockage temporaire. Cela conditionne l'avancement des travaux, voire la conception des îlots », pointe Amélie Rognon, cheffe d'agence chez Ortec.
La démarche est l'une des mesures environnementales adoptées par Eiffage. Parmi les autres figurent la création de plus de 5 000 m2 de pleine terre sur une friche à 100 % imperméabilisée, ainsi que la collecte et le traitement des eaux grises réutilisées pour les chasses d'eau et l'arrosage, avec un objectif d'économie annuelle de 4 200 m³ d'eau.