L'effervescence autour des entrées de ville stimule Icade. Alors que l'Agence nationale pour la cohésion des territoires (ANCT) se tient prête à compenser les déficits prévisibles des opérations de requalification, dans le cadre du programme Action cœur de Ville II, par une enveloppe de 5 Mds € à dépenser d'ici à 2026, Icade Promotion, filiale de la Caisse des dépôts, continue à s'investir dans la reconstruction de la ville sur la ville. Après la transformation de bureaux avec sa marque AfterWork lancée fin 2021, sa nouvelle offre Ville en vue, présentée en mars au Marché international des professionnels de l'immobilier (Mipim) à Cannes, « s'adresse aux parties prenantes - collectivités, propriétaires et exploitants - de la transformation de ces espaces périurbains souvent monofonction », explique Emmanuel Desmaizières, directeur général d'Icade Promotion.
Privilégier les parkings silos. L'ensemblier urbain pourra signer un contrat de promotion immobilière avec le propriétaire qui garderait les clés de son bâtiment requalifié, ou bien travailler pour le compte d'une foncière qui porterait l'actif à transformer. Pour Carine Robert, directrice déléguée d'Icade Promotion, une requalification réussie devra prendre en compte « la création d'espaces publics agréables » ou encore « l'intégration de mixité fonctionnelle ». Entendez : une dominante de logements, mais aussi des bureaux, commerces, services… Au nom de sa trajectoire carbone qui vise une baisse de 41 % des émissions de gaz à effet de serre entre 2019 et 2030, l'option déconstruction sera privilégiée par Icade Promotion, notamment pour garder les poteaux-poutres métalliques du bâti. « Tout ce qui pourra être conservé le sera, tout en libérant de la surface au sol pour végétaliser ces espaces minéralisés à 90 % », assure Emmanuel Desmaizières. Cela suppose, entre autres, de créer des parkings silos en lieu et place des vastes parkings d'hypermarchés. Un savoir-faire possédé en interne par le promoteur, qui réalise actuellement un parking silo réversible dans le cadre du programme mixte Woodstone à Bordeaux. Ces chantiers en entrée de ville seront également l'occasion de prolonger des espaces agricoles et naturels au cœur des nouveaux quartiers : « Notre approche paysagère nous amènera à planter des arbres fruitiers, à développer des potagers… Mais il n'y aura pas de moissoneuses-batteuses en zone urbaine ! »
Livraisons en 2027. Le dirigeant cherche des terrains « à partir de 7 000 m² SP » pour en faire « des quartiers denses avec des balcons paysagers, afin de donner aux habitants les attributs d'une maison individuelle ». Un premier projet, portant sur un foncier francilien de 20 000 m² SP, est déjà dans les cartons de l'équipe dédiée de quatre salariés. Les premières mises en chantier pourraient intervenir en 2025 ; les livraisons, en 2027. Parmi les défis à relever, les ouvriers devront composer avec « une activité économique existante, qui perdurera pendant les travaux », souligne Emmanuel Desmaizières. En attendant que la concurrence pose aussi ses pions, le directeur général affiche clairement ses ambitions. « Avec 70 000 m² d'entrées de ville constructibles à requalifier ces trente prochaines années, dont les deux tiers à consacrer au résidentiel, nous pourrions peser entre 5 et 10 % d'un marché national qui représente un potentiel de plus de 20 000 logements neufs par an », calcule-t-il. Le gouvernement estime les besoins à 370 000 unités chaque année.