Innover avec des bois locaux

L'utilisation de bois estampillés “origine France” est de plus en plus fréquente dans la construction. Ce choix du circuit court est dans l’air du temps, mais ici pas d’effet de mode, seulement la volonté d’innover et de développer les savoir-faire régionaux par définition non délocalisables.

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Saint-Jean d’Arvey

Construira-t-on un jour en France les structures des bâtiments en bois avec des bois en majorité français et, plus encore, régionaux, au lieu d’importer ? L’idée n’est pas saugrenue : elle permet de produire localement, de préserver et développer ainsi emplois et savoir-faire. Pourtant, elle ne coule pas encore de source. Plusieurs raisons à cela. Arguments invoqués par les uns et les autres : l’impossibilité d’imposer dans les appels d’offres la provenance du bois, le manque de certification des bois locaux pour des applications dans la construction – un point de moins en moins vrai. Ou encore une filière qui n’est pas suffisamment structurée, autrement dit trop atomisée, et qui peine à offrir volume et qualité nécessaires à la construction. Là aussi, les évolutions sont notables et les acteurs de ladite filière se mobilisent pour développer les circuits courts.

100 constructions en bois local

L’ensemble du territoire est désormais parsemé de bâtiments, souvent publics, construits avec des bois provenant de la forêt d’à côté. Ce, en partie grâce au programme « 100 constructions en bois local » de la Fédération nationale des communes forestières (Fncofor), ainsi qu'à quelques initiatives locales. Des réalisations parfois très prestigieuses, comme le refuge du Goûter – dernière étape à 3800 mètres d’altitude avant le Mont Blanc – construit entre autres avec de l’épicéa local, le Bâtiment B d’Atlanbois sur l’Ile de Nantes, quartier de la création, qui cumule douglas, chêne et pin des Landes, le laboratoire de l’Inra à Champenoux, près de Nancy, estampillé sapin des Vosges. Ou plus modestes, mais tout aussi intéressantes, comme le bâtiment périscolaire de la commune de Tendon, dans les Vosges, et le bâtiment multifonctionnel de Saint-Jean-d’Arvey, tous deux construits avec des grumes prélevées dans la forêt communale, le hêtre pour le premier, le sapin pour le second.

Nouvelles techniques constructives

Outre l’utilisation de bois en circuit court avec tous les avantages que cela induit, ces ouvrages ont un autre point commun : ils stimulent le développement de nouvelles techniques constructives valorisant le travail des scieurs et des entreprises de construction bois. En effet, le recours à des essences locales entraîne parallèlement l’émergence de nouveaux procédés de construction. Il s’agit d’intégrer les caractéristiques propres à chaque essence. Ainsi à Tendon, les concepteurs ont élaboré un système structurel de poutres caissons susceptible d'intégrer le maximum de bois de hêtre d’une longueur inférieure à un mètre. Ce bois, nerveux, a tendance à se tordre, il ne peut donc être utilisé en structure dans des longueurs excédant les trois mètres.

Sélection des grumes

Autre exemple avec le bâtiment de l’Inra. Ici, c’est le bois massif – sapin des Vosges – qui est à l’honneur sur deux étages, et le système constructif intègre cette donnée. Le parti constructif a consisté à utiliser un bois massif avec des petites portées et un rythme dense sur une trame de 1,20 x 6 m. Une option possible en raison des qualités intrinsèques des résineux utilisés. Ces derniers ont un grain fin et régulier qui autorise des sections intéressantes. Dans ce cas, la sélection des grumes et le travail des scieurs sont essentiels. Les arbres ont été sélectionnés sur pied pour leurs caractéristiques dimensionnelles et mécaniques avec des sciages hors cœur ce qui demande un savoir-faire spécifique. A noter, dans les deux cas : il n’y a pas de collage.

Bois-béton

Ce qui n’est pas le cas à Nantes où le procédé technique, non moins original, a consisté pour ce bâtiment tertiaire de quatre étages à mettre en place des poteaux en douglas et chêne de 15 mètres autour d’un noyau central en béton. Lesdits poteaux sont composés d’un montant en chêne massif pris en fourrure entre deux montants de douglas lamellés-collés.Bois-béton également à Saint-Jean d’Arvey. Ici, un noyau central en béton, qui regroupe l’ensemble des pièces humides, techniques et les gaines des réseaux divers, assure le contreventement. Autour, la structure bois forme les planchers et les façades. Là aussi, le choix du bois provenant de la forêt communale est exemplaire d'un point de vue qualitatif. L’originalité du projet réside dans la fourniture du bois à l’entreprise de construction et dans le suivi de la qualité des bois tout au long de la chaîne d’exploitation et de transformation avec, à la clef, une certification Bois des Alpes.

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