Le développement urbain de la capitale alsacienne vers sa voisine allemande, Kehl, est en marche. Les terrains portuaires (195 hectares) font aujourd’hui l’objet d’un schéma directeur. Coup d’envoi de ce projet stratégique baptisé « Deux-Rives » : le nouveau tracé du tramway.

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La mutation d’un territoire industriel se débloque, sur une longueur de 2,7 km entre le centre de Strasbourg et le quartier de la gare de Kehl, en Allemagne. Une avancée stratégique, qui permet à la ville alsacienne d’envisager son avenir vers et sur le Rhin, et de se rapprocher de son homologue allemande pour construire cette agglomération transfrontalière voulue par les élus des deux côtés du fleuve. Dans ce but, le Port autonome de Strasbourg, la communauté urbaine et la ville de Kehl ont désigné, au printemps 2010, l’équipe pilotée par l’architecte-urbaniste Bernard Reichen, pour concevoir le « schéma directeur des Deux-Rives », un document qui formalise le développement urbain pour les vingt années à venir. Avec un impératif : préserver les activités du port (320 entreprises, 13 000 emplois), poumon économique de l’agglomération. Cette équation complexe se matérialise au carrefour de deux axes : l’emprise historique du port, qui suit une ligne est-ouest et forme le cœur du périmètre du schéma directeur ; l’activité industrielle et logistique contemporaine, qui s’est déployée au nord et au sud. Le conflit se cristallise sur la route du Rhin, qui traverse d’est en ouest le secteur d’étude : indispensable à la desserte du port par camions, cette voie routière peut difficilement structurer une mutation urbaine, malgré sa transformation en boulevard.

Sept quartiers identifiés

D’où la proposition fondatrice de Bernard Reichen : alors même que la maîtrise d’œuvre du tramway travaillait depuis plus d’un an sur une ligne qui longeait la route du Rhin, les auteurs du schéma directeur ont obtenu, à l’été 2010, un nouveau tracé parallèle, à travers les emprises historiques du port. Corollaire de ce choix, l’enclavement du territoire formé par les bassins, les routes et les voies ferrées devient l’atout maître du schéma : ces faisceaux d’infrastructure délimitent sept secteurs urbanisables (voir carte ci-dessus), des « bulles » ayant leur propre logique programmatique, reliées par le transport en commun et les voies cyclables. Chacune d’elles forme un lieu spécifique, « insulaire », défini par sa géographie, son histoire, son patrimoine. « Dans ce système de bulles, c’est le tramway qui devient le mode passant de la ville », souligne Bernard Reichen. Coauteur du schéma et maître d’œuvre de l’insertion urbaine du tramway de Strasbourg depuis sa renaissance dans les années 1990, le paysagiste Alfred Peter renchérit : « Ici, nous partons d’un système de mobilité pour dessiner la ville, alors que nous avions travaillé jusqu’alors sur le tissu existant. »

Dans une période qu’il considère comme « très propice à des transformations d’usage qui coïncident avec des transformations d’espace », Bernard Reichen voit même des vertus à la raréfaction des ressources financières : « Le rapport à l’automobile sera complètement différent. » Chaque bulle disposera de parkings mutualisés, en lieu et place des coûteux parkings souterrains, une économie mise à profit pour réaliser des ouvrages qui serviront à confiner les terres polluées. Perpendiculairement à l’axe urbain est ouest, un corridor écologique et une liaison cyclable nord sud annoncent une métamorphose paysagère du port, grâce à l’aménagement des délaissés.

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