Des profilés en aluminium, une toile en polyester et du liège expansé en vrac. Voilà pour les matériaux. L’assemblage se déroule, lui, en quatre étapes. L’installation en façade des profilés, la pose du vitrage, la mise en place de la toile puis l’insufflation du liège avec une cardeuse. De l’aveu même de son concepteur, « rien de révolutionnaire, mais personne n’avait encore eu l’idée ».
Architecte chez VS-A, un bureau d’études façades basé à Lille, présent en Chine et en Corée du Sud, Robert-Jan Van Santen connaît bien les défauts des solutions classiques d’isolation par l’extérieur, qu’il s’agisse du polystyrène enduit, des briquettes ou du bardage ventilé : une perte de luminosité au niveau des fenêtres, des ponts thermiques quand les isolants ne sont pas jointifs ou encore la difficulté d’adapter les panneaux préfabriqués aux façades existantes. D’où cette idée d’une solution légère, fixée au mur sans ossature et sans fondation.
Après avoir breveté le procédé en novembre 2022, l’architecte hollandais crée avec Pauline Bellec, jeune ingénieur-architecte, une start-up spécifiquement dédiée au produit. En juillet 2023, naît Coat-ing, comme « manteau » en anglais et « ingénierie ».

Les architectes Pauline Bellec et Robert-Jan Van Santen, cofondateurs de la start-up Coat-ing, devant leur premier prototype de façade isolante en toile, installé à Pont-à-Vendin (Pas-de-Calais). © Alexandre Lenoir
Low-tech
Incubée à Descartes Développement & Innovation, puis à Station F à Paris, la start-up s’est hissée depuis deux ans en finale d’une dizaine de concours européens dédiés aux innovations dans le bâtiment. Outre sa simplicité, les jurys plébiscitent l’empreinte écologique et le coût du procédé, illustration de la low-tech.
L’objectif des fondateurs ? Ne pas dépasser les 250 euros/m2, un tarif proche de l’enduit sur isolant, plus rentable que les bardages en lame d’air. « Un système aussi simple, adaptable et réalisable par beaucoup d’entreprises, c’est ce qui manquait pour faire de la massification » s’enthousiasme Frédérique Seels, directrice générale du CD2E, pôle d’expertise pour l’écotransition des Hauts-de-France. Fort d’un premier prototype réalisé en juillet 2024 à Pont-à-Vendin (Pas-de-Calais), Coat-ing escompte désormais obtenir rapidement un avis technique favorable du CSTB.

La toile et le liège (20 centimètres d’épaisseur) permettent d’éviter les problèmes de raccord observés d’ordinaire entre les panneaux isolants. © Alexandre Lenoir
Solution biosourcée, dotée d’une haute résistance thermique (5 m2 K/W en base) et d’un fort déphasage thermique pour le confort d’été, les façades en toile et en liège de Coat-ing possèdent aussi un intérêt pour les riverains des bâtiments. « Le liège absorbe jusqu’à 90 % des sons extérieurs » assure Pauline Bellec. De quoi pacifier la ville, mais aussi l’embellir : le motif imprimé des toiles peut varier à l’infini. Placée en rez-de-chaussée, la façade en toile est certes exposée à des coups de cutter malveillants, mais sa malléabilité la rend perméable aux chocs.
Sans attendre les appréciations techniques d’expérimentation (Atex) en France, la start-up a prévu de s’installer début février en Suède pour réaliser un nouveau prototype démonstrateur, en partenariat avec l’université de Göteborg. « Imaginez qu’Ikea choisisse Coat-ing pour l’enveloppe de ces bâtiments » sourit Pauline Bellec. Une solution simple et rapide à monter… le géant suédois pourrait se laisser séduire.