Le marché de l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) est largement dominé par les isolants minéraux (laine de verre, laine de roche) et synthétiques (PSE, polyuréthanne…), plus de 90% du marché. Les raisons en sont sont évidentes : des industriels bien implantés, des produits de qualité qui répondent à la demande et des prix compétitifs. Cependant, depuis une dizaine d’années, des challengers leur grignotent des parts de marché : les isolants dits biosourcés. Trois raisons à cela en dépit, pour le moment, de prix plus élevés : des produits de qualité, la plupart certifiés Acermi*, qui répondent à toutes les contraintes, qui sont fabriqués à l’aide de matières premières naturelles dotées d’un écobilan sans comparaison avec les produits classiques et qui présentent une compatibilité avec tous les modes constructifs.

Raisons de leur essor, en dépit d’un coût plus élevé, l'intérêt grandissant des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre pour la construction bois et, plus généralement, pour des constructions réalisées avec des produits moins impactants, ou réputés tel, sur l’environnement. Dans ce cadre, les isolants biosourcés ont toute leur place. D’ailleurs les industriels du secteur (PMI et PME) y croient, puisque malgré la crise ces derniers n’hésitent pas à investir.
Autre signe qui indique que ces produits ont l’avenir, l’action des pouvoirs publics. Lesquels ont mis en place des outils pour promouvoir la filière, qui produit localement en circuit court et valorise des produits ou sous-produits agricoles. Notamment, la création du label Bâtiment Biosourcé (voir notre article). Ce label ne concerne que les constructions neuves mais instaure, pour la première fois, un référentiel public et officiel des matériaux biosourcés.
Fibres de bois
La filière bois est certainement à ce jour la plus structurée et la plus à même de concurrencer les isolants classiques sur le marché de l’ITE. Issu d’un retraitement des rémanents de bois, la laine de bois est proposée en rouleau ou moulée en panneau isolant. Les fibres de bois sont mélangées à des fibres textiles ou synthétiques pour lier l’ensemble et assurer une consistance au panneau.
Au plan thermique, elle a des arguments à défendre, que ce soit au niveau de la conductivité thermique proche des laines minérales (lambda 0,038) – capacité d’un matériau à éviter la déperdition de la chaleur produite à l’intérieur de la construction – ou de sa capacité de déphasage – capacité à créer une barrière thermique contre la chaleur extérieure jusqu’à dix heures.
Pour la tenue au feu, comme pour le bois massif, les surfaces des panneaux carbonisent, formant une couche de protection qui empêche l’isolant de brûler entièrement. Une propriété qui ne dispense en rien de respecter les prescriptions de l’instruction technique 249 (IT249) face au risque d’incendie et de propagation du feu par les façades.

Prescriptions techniques
Ces isolants se retrouvent dans toutes les techniques d’ITE : sous enduit et façade ventilée. L’application avec un enduit de finition est possible, à condition de respecter les préconisations habituelles de la mise en œuvre d’un enduit sur ITE. Une seule condition à cela: un avis technique.
En façade ventilée sous bardage, outre les recommandations habituelles, quelques précautions sont à prendre en compte. En premier lieu, la mise en place d’un panneau pare-pluie capillaire et très ouvert à la vapeur d’eau. Les agglomérés enduits peuvent faire office de frein vapeur.
Ces recommandations valent pour l’ensemble des isolants biosourcés. Ainsi les laines végétales ou de mouton, qu'elles se présentent sous forme de nattes ou de panneaux semi-rigides, conviennent à condition qu’elles soient de densité et d’élasticité suffisantes et puissent être fixées mécaniquement sur le support, afin d’écarter les risques de tassement. Idem pour les isolants en vrac tel que la ouate de cellulose, mais en s’assurant pour ceux-ci qu’aucun tassement n’est possible.
Béton de chanvre
Autre isolant promis à un bel avenir : le chanvre et particulièrement le béton de chanvre (mélange chaux chanvre). Un matériau adapté au bâti ancien comme à la construction neuve. Avec un lambda entre 0,70 et 0,85, ces propriétés isolantes ne sont pas aussi performantes que celles de la fibre de bois. Le complexe présente une masse volumique de 30kg.m3 pour un béton dosé à 220 kg/m3, soit une conductivité thermique égale à 0,085 W/m.k et un R égal à 3,5 pour un mur de 30 cm d’épaisseur. Le béton de chanvre a de très bonnes propriétés d’hydrorégulation – un point capital pour le confort des occupants et la pérennité du bâti.
Ici, deux options sont possibles: la projection ou la mise en œuvre devant la structure du bâtiment de blocs de chanvre d’épaisseurs variables. Dans le cas de la projection, il s’agit souvent de remplissage d’une ossature bois en façade et aussi en toiture. Les blocs, eux, sont particulièrement adaptés à la réalisation d’une ITE en rénovation. Dans les deux cas, la finition pourra être un enduit traditionnel ou un bardage rapporté en façade ventilée.
* L’Association pour la certification des matériaux isolants délivre le certificat Acermi. Ce dernier atteste le pouvoir isolant et les propriétés d’aptitude à l’emploi des isolants utilisés dans le bâtiment.