Lorsque Xavier Rodriguez a pris la direction de l’entreprise en 2014, Jarnias réalisait 4,5 millions de chiffre d’affaires (CA) et comptait une vingtaine de collaborateurs. Huit ans plus tard, le CA a été multiplié par 10 pour atteindre 50 millions d’euros, tout comme les effectifs, puisque le groupe compte 250 personnes. Comment expliquer cette progression hyper rapide ? « D’abord par beaucoup de travail, souligne Xavier Rodriguez, dont l’entreprise évolue dans un milieu très concurrentiel avec environ 250 entreprises sur le secteur des travaux complexes en hauteur. « Nous sommes devenus la plus grande société dans le domaine des métiers difficiles d’accès, grâce à notre agilité de start-up, combiné avec l’assise d’une société familiale », estime-t-il.
Le groupe semble, en effet, avoir changé de paradigme pour passer de la position de sous-traitant à celle de mandataire. « Désormais, nous intervenons en amont des dossiers pour accompagner les clients dans leurs projets », constate le dirigeant.
Un nouveau rôle qui se voit dans les activités de l’entreprise. Ainsi, 40 % du CA est bien réalisé par les cordistes, mais 40 % proviennent des métiers de protection et de mise en sécurité, tandis que les 20 % restant concernent le secteur industriel, avec en particulier des missions dans le nucléaire.
Prise de risque
Autre clé du succès : la prise de risque. « Comme nous sommes spécialisés dans les chantiers complexes et difficile d’accès, c’est dans cette configuration que nous tirons notre épingle du jeu. Quand il y a une toiture à réparer avec de l’amiante dedans et des fours en activité en dessous, nous savons répondre à toutes ces exigences », assure Xavier Rodriguez.
La prise de risque est aussi financière, puisque Jarnias a été parmi les premières sociétés à travailler dans le montage d’éoliennes terrestre. « A l’époque, nous avons décidé d’investir 200 000 euros en formation et en recrutement dans ce secteur. Un vrai pari, puisque le marché pesait à peine un million d’euros ». D’ailleurs, ce choix s’est révélé être une demi-réussite. « Nous avons jeté l’éponge trois ans plus tard, car le dumping social dans ce secteur était trop important, pour nous spécialiser dans l’entretien multi-technique des éoliennes. »
Rachat de sociétés
Pour accélérer et réaliser 100 millions d’euros de CA en 2026, le dirigeant mise désormais sur la croissance externe. Jarnias a déjà racheté deux sociétés en 2022 : Acro BTP (Savoie), est spécialisé dans la sécurisation de falaise et dans les travaux publics en montagne. L’entreprise réalise 12,5 millions d’euros de CA en moyenne chaque année. Jarnias a également pris une participation majoritaire dans Profil, société basée à Marseille spécialisée dans les industries nucléaire, hydraulique et éolienne, qui dispose également des savoir-faire en matière de bâtiments et de génie civil. Profil réalise 6,5 millions d’euros de CA. D’autres acquisitions devraient d’ailleurs être annoncées prochainement, dont l’une adressera la question de la pollution sonore en milieu urbain. « Le dénominateur commun demeure le même : des opérations complexes avec gestion de la hauteur », résume Xavier Rodriguez.
Ressources humaines
Confronté aux mêmes difficultés de recrutement que toutes les entreprises du BTP, l’entreprise est également obligée de s’adapter pour attirer les talents. « Pour rassurer les futurs collaborateurs, nous avons supprimé la période d’essai pour l’entreprise. A partir du moment, où nous recrutons une personne, nous investissons sur sa formation, nous l’aidons à améliorer son employabilité. Et nous lui proposons d’évoluer au sein de l’entreprise », détaille-t-il. Le dirigeant mise sur le côté sexy et attirant des métiers complexes qui permettent d’attirer tous types de profils, « femmes et seniors en tête ».
Afin de diffuser et partager les connaissances en interne, le dirigeant mise aussi sur le digital avec une chaîne vidéo où sont diffusés des tutos sécurité spécifiques aux métiers dans des sites complexes et difficiles d’accès, mais aussi un réseau social interne pour améliorer la communication entre les équipes réparties sur l’ensemble du territoire national. Naturellement, le numérique fait aussi partie des solutions pour optimiser les tâches et attirer les talents. Jarnias envisage ainsi de recruter dans le Metavers.