Interview

«Jusqu’à présent, la maison individuelle subissait des attaques larvées», Damien Hereng (FFC)

Le président de la fédération française des constructeurs de maisons individuelles (FFC) réagit aux propos d'Emmanuelle Wargon dans le cadre de la conclusion du programme de réflexion "Habiter la France de demain" sur la maison individuelle.

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Damien Hereng, président de Mikit et de la fédération des constructions de maisons individuelles (FFC)
Damien Hereng, président de Mikit et de la fédération des constructions de maisons individuelles (FFC)

Après avoir déclaré en conclusion du programme "Habiter la France de demain", que le modèle de la maison individuelle était un « non-sens écologique, économique et social » qui mène « à une impasse », la ministre Emmanuelle Wargon a précisé le week-end dernier qu’il n’était « pas question d’en finir avec la maison individuelle ». Quel est votre état d’esprit après ce revirement ?

Politiquement, le mal est fait, bien que la ministre essaie d’éteindre l’incendie qu’elle a elle-même allumé. Cette prise de position est une surprise. Jusqu’à aujourd’hui, la maison individuelle subissait des attaques larvées, via l’ajustement de mécanismes d’aides au neuf, en excluant les zones rurales du Prêt à Taux Zéro, ou en supprimant l’APL Accession, alors même que le marché de la maison individuelle est un marché d’accédants (contrairement au collectif, où environ 50% des acquéreurs sont des investisseurs) et de primo-accédant.

En 2021, il est pourtant difficile de contester le fait que la politique du logement doit être frugale en consommation de terres non artificialisées…

Mais les constructeurs s’accordent à dire que la maison individuelle a consommé trop de foncier par le passé. Mais pourquoi ? A cause des règles d’urbanisme. Les plans locaux d’urbanisme (PLU) sont écrits par les collectivités, qui depuis 40 ans, fonctionnent avec le même logiciel : pour construire une maison individuelle il faut construire sur des grands terrains. Forcément, les constructeurs de maisons individuelles sont accusés de contribuer à l’étalement urbain.

Que préconisez-vous ?

D’appliquer enfin l’esprit de la loi ALUR de 2014 sur l’ensemble du territoire. En abrogeant dans les PLU les notions de « coefficient d’occupation des sols » (COS) et de « surface minimale de terrain constructible », la loi Alur visait précisément l’objectif de freiner l’étalement urbain, en autorisant enfin de pouvoir construire sur des petites parcelles. Mais ce texte a été littéralement contourné et finalement bafoué dans de nombreux territoires, puisque nous avons vu fleurir dans les PLU en lieu et place des notions abrogées, de nouvelles contraintes encore plus restrictives : un nouveau coefficient, le CES, coefficient d’emprise au sol, qui a directement pris le relais du COS abrogé, ainsi que de nouvelles règles contraignantes de recul minimal par rapport aux limites séparatives, d’interdiction de construire en mitoyenneté, ou encore des réductions de hauteur autorisée.

Autant de règles qui de nouveau rendent les petites parcelles inconstructibles, et donc poussent à l’étalement et à la consommation de terres non artificialisées. Alors que les constructeurs de maisons individuelles savent construire de façon raisonnée et vertueuse sur des terrains beaucoup plus petits. C’est d’ailleurs ce que nos clients demandent. Il faut simplement que les règles d’urbanisme nous y autorisent. L’esprit de la loi Alur était le bon, il faut imposer son application.

Dans les zones rurales, l’enjeu n’est-il pas de revitaliser les centres bourgs, en rénovant massivement les logements anciens ?

Même si l’on essaie de les rénover thermiquement, ces maisons sont conçues pour des usages trop différents de ceux pratiqués aujourd’hui. Il n’y a souvent pas de place de parking, ni de garage, ou de jardin. Les distributions au sein des logements diffèrent des critères actuels. Les fenêtres sont plus petites, il y a moins de lumières… Il faut entendre ce que veulent les Français, on est en train d’abandonner la ruralité.

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