Immuable et changeante.
L'architecture est immuable comme les contraintes naturelles auxquelles elle est soumise. Lois de la physique, qui régissent la tenue de toute structure construite. Phénomènes chimiques en permanence à l'oeuvre sur les matériaux. Lois optiques de notre regard, sujet à l'éblouissement ou objet d'effets de parallaxe.
Mais l'architecture est aussi changeante.
Parce que la façon de concevoir la fonction d'un ouvrage évolue avec les mentalités individuelles et les choix politiques.
Or quelques phénomènes majeurs viennent faciliter, ou conditionner, la possibilité pour l'architecte de bien répondre à ces choix collectifs et à ces désirs individuels.
Ces phénomènes sont principalement techniques et réglementaires.
Techniques, avec l'impact massif de tout nouveau système constructif. L'arrivée du béton armé, voilà un peu plus d'un siècle, a révolutionné l'architecture (et l'urbanisme), comme la voûte l'avait fait quelques siècles plus tôt.
Les matériaux nouveaux, polycarbonates et autres écailles de titane, affirment la puissance de l'industrie dans le bâti.
Les outils informatiques permettent toutes les modélisations imaginables, ainsi que la production industrielle d'éléments de construction sur mesure.
Mais il y aussi les producteurs de réglementation.
Certes, nous n'en sommes plus à l'époque où la fiscalité des portes et fenêtres générait des façades de plus en plus aveugles. Mais les règles d'urbanisme, en prédéterminant le tissu urbain, agissent aussi sur la forme des constructions qu'il doit accueillir.
Quant aux réglementations techniques, qu'elles soient thermiques, parasismiques, anti-incendie ou relatives à l'accessibilité, leur impact sur la conception architecturale des ouvrages est tout à fait direct.
Entre contraintes permanentes et conditions du jour, il ne reste plus à l'architecte qu'à aller jusqu'au bout de leurs limites et de son talent.
Bertrand Fabre est directeur de la rédaction du Moniteur
