L'abécédaire de l'immeuble parisien des années 1950 : A comme… arts appliqués

Dans le cadre de l'exposition "Paris 1950, un âge d'or de l'immeuble" (16 septembre-7 novembre 2010), le Moniteur.fr et le Pavillon de l'Arsenal vous invitent à parcourir l'alphabet architectural et technique de l'habitat collectif du milieu du XXe siècle. Aujourd'hui : A comme... arts appliqués.

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Immeuble de logements à Paris 16e (39, rue du Ranelagh et 20, rue de Boulainvilliers), par les architectes Jean Ginsberg et Georges Massé (avec André Ilinsky), bâti entre 1951-1957. Le jardin avec une composition murale et une sculpture d'André Bloc.

Sujet de débat récurrent pendant tout le XXe siècle, l'intégration des arts à l'architecture s'est réalisée dans nombre d'édifices publics et d'équipements de l'après-guerre. Plus discrète mais aussi plus diffuse dans l'immeuble parisien, elle oscille généralement entre les deux styles dominants depuis les années 1930: le classicisme monumental et l'art abstrait.

Dans la continuité du "style 1937", renouveau classique incarné par les Palais de Chaillot et de Tokyo, la sculpture est présente dans de nombreux immeubles, non plus tant sous la forme de motifs évoluant sur la totalité du mur de façade, comme dans l'immeuble 1900, que de figures monumentales ou de bas-reliefs placés au niveau de l'entrée ou du premier étage. Il s'agit d'œuvres non signées, bien souvent.

Relativement circonscrite, la pratique de la sculpture classique appliquée à l'immeuble d'habitation est progressivement remplacée, puis dépassée, par des interventions plus abstraites et surtout plus variées dans leurs moyens plastiques. Pour une bonne part, celles-ci s'inscrivent dans le sillage du Groupe Espace, fondé en 1951 par le peintre Félix Del Marle et le sculpteur et architecte André Bloc.

La synthèse des arts à la conquête de l'immeuble

Quelques architectes tentent cependant d'associer artistes et plasticiens à la décoration des parties communes de leurs immeubles. Jean Ginsberg est de ceux-là; il est même l'un des seuls à avoir fait de l'intégration des arts un principe intangible, attitude que saluera L'Architecture française : "Une constante de l'architecture de Ginsberg, que l'on peut lire en chacun de ces immeubles, que les halls soient en transparence sur toute l'épaisseur de l'immeuble ou non, que la desserte des circulations verticales soit assurée en coursives, c'est le prolongement naturel des jardins qu'il crée dans les accès de l'immeuble où l'étude des formes et des matières donne spontanément place à des œuvres d'art de ce temps qui en sont d'autant servies qu'elles l'enrichissent."

Si peu d'architectes systématisent le recours aux arts plastiques, nombreux sont ceux qui, lorsque les circonstances s'y prêtent, lui laissent la place. Une étude exhaustive montrerait probablement la variété des supports et des types d'intervention; elle prouverait encore l'emprise quasi définitive de l'art abstrait à la fin de la décennie. Resterait à évaluer dans le détail ce qui relève de la véritable intégration et ce que certains qualifieront de simple et parfois malheureuse juxtaposition.

Texte extrait du catalogue de l'exposition "Paris 1950, un âge d'or de l'immeuble" (Editions du Pavillon de l'Arsenal, 247 pages, 27 euros), dont la conception scientifique est signée Simon Texier, maître de conférences à l'Université Paris-Sorbonne.

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