L'abécédaire de l'immeuble parisien des années 1950 : T comme… toiture-terrasse

Dans le cadre de l'exposition "Paris 1950, un âge d'or de l'immeuble" (16 septembre 2010-9 janvier 2011), le Moniteur.fr et le Pavillon de l'Arsenal vous invitent à parcourir l'alphabet architectural et technique de l'habitat collectif du milieu du XXe siècle. Aujourd'hui : T comme... toiture-terrasse.

Image d'illustration de l'article
Toiture-terrasse commune d'un immeuble de logements à Paris 16e (28, rue Chardon-Lagache), par l'architecte Jean Ginsberg, bâti entre 1936-1952 ("L’Architecture d’aujourd’hui", n° 46, 1953).

La toiture-terrasse est l'une des conquêtes de l'architecture moderne, dont Le Corbusier comme Auguste Perret ont défendu le principe. Rendue possible grâce à la diffusion de la construction en béton armé, cette ouverture de l'immeuble vers l'air et la lumière s'est heurtée, à Paris notamment, à la tradition ainsi qu'au règlement en vigueur jusqu'en 1958.

Les retraits autorisés par le règlement provisoire de 1950 ne favorisent pas, en effet, l'aménagement de toitures-terrasses : dès lors que trois voire quatre étages d'un même immeuble bénéficient déjà de terrasses en retrait, la surface de toiture se trouve réduite à son minimum et, généralement, est occupée par des souches de cheminées ou d'autres superstructures. C'est par conséquent dans les immeubles construits à l'aplomb, bien moins nombreux, que la toiture-terrasse peut se développer. Toutefois, dans une ville où l'attachement aux toits (en ardoise, en tuile ou en zinc) demeure fort, ce qui apparaît encore comme l'une des spécificités du modernisme peine d'autant plus à trouver sa place.

Éternels compromis

En fidèle héritier et continuateur du Mouvement moderne des années 1930, Jean Ginsberg est l'un des rares architectes parisiens à chercher une mise en valeur de la toiture-terrasse, ce que les circonstances ne lui autorisent cependant pas toujours. Celle du 28, rue Chardon-Lagache (16e, 1936-1952, voir photo ci-dessus), "à la disposition de tous les locataires de l'immeuble", n'occupe que le sommet du second corps de bâtiment. Sa présentation sous forme de manifeste semble à cet égard à la mesure de sa rareté : la photographie qu'en donne Neubert Horak la montre d'ailleurs comme une pure création plastique - une de ces "chambres à ciel ouvert" rappelant la terrasse Beistegui de Le Corbusier aux Champs-Élysées (1929-1933) -, qui trouve son horizon avec le clocher de Notre-Dame d'Auteuil. (...) La mise en valeur du paysage qui s'offre à l'habitant, d'une part, et celle du mobilier choisi pour la terrasse, d'autre part, tendent à compenser la création, toujours plus flatteuse, d'une véritable toiture dialoguant avec le ciel. (...)

Pour trouver d'autres exemples de véritables toitures-terrasses, il faut alors se diriger, soit vers les opérations suburbaines où les contraintes réglementaires sont moins fortes, soit vers l'architecture de promotion, celle qui, en dehors du réseau des revues d'architecture, n'en poursuit pas moins efficacement le projet d'une modernisation de l'immeuble.

Texte extrait du catalogue de l'exposition "Paris 1950, un âge d'or de l'immeuble" (Editions du Pavillon de l'Arsenal, 247 pages, 27 euros), dont la conception scientifique est signée Simon Texier, maître de conférences à l'Université Paris-Sorbonne.

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