L'Espagne se rue sur l'immobilier

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Des grues par milliers non seulement dans les grandes villes mais aussi dans les bourgades: l'Espagne connaît un boom immobilier pratiquement sans précédent qui s'est accompagné d'un bond du prix moyen du mètre carré construit de plus de 80% depuis 1996.

"Actuellement, le secteur immobilier espagnol, surtout la construction de logements, est le plus dynamique de l'Union européenne (UE)", a indiqué Pablo Diez Romeral, directeur technique de Tasa Madrid, l'une des principales sociétés du pays spécialisée dans les estimations d'actifs immobiliers.

Selon des chiffres officiels, les investissements dans le BTP ont progressé de 3,8% d'avril à juin sur un an, à un rythme supérieur à la croissance de l'économie espagnole qui est pourtant l'une des plus élevés de l'UE (+2,3% au 2ème trimestre sur un an) et dont le principal moteur est la forte consommation des ménages (+3,1% sur un an) notamment en matière de logement.

Des facteurs démographiques, notamment une nette progression de la population âgée de 25 à 34 ans, la baisse des taux d'intérêt et "une importante création d'emplois" à partir de 1994 ainsi qu'une amélioration des salaires expliquent selon une étude de la caisse d'épargne la Caixa sur l'évolution du marché immobilier.

Depuis 1999, 500.000 nouveaux logements se construisent chaque année en Espagne. Fin 2001, le pays comptait 20,82 millions de logements, soit 3,61 millions de plus qu'en 1991, a précisé la Caixa.

La déprime des marchés boursiers a également encouragé les Espagnols à se tourner vers des investissements dans l'immobilier dont la rentabilité est plus stable.

Les allègements fiscaux dont bénéficient les détenteurs de crédits hypothécaires favorisent aussi l'acquisition d'un logement principal au détriment de la location. Fin 2002, le parc locatif était seulement composé de 2,5 millions de logements, en recul de 14,6% sur 2001, d'après des chiffres de la Banque d'Espagne.

Le marché immobilier a attiré avec force les étrangers dont les investissements dans ce secteur ont doublé entre 1999 et 2002, passant de 3 milliards d'euros à 6,04 milliards d'euros. Dans ce cas, les investissements se portent surtout la côte méditerranéenne où les prix en dépit de leur envolée restent inférieurs à ceux d'autres pays européens, a fait remarquer Pablo Diez Romeral.

Récemment, l'Union générale des travailleurs (UGT, proche des socialistes), deuxième syndicat du pays, a qualifié dans un communiqué de "terrifiante" la hausse des prix des logements avant de s'en prendre à la spéculation immobilière. Les suppléments hebdomadaires consacrés à l'immobilier dans la presse espagnole parlent même de plus en plus ouvertement d'un risque de bulle spéculative.

Actuellement, plus de 1,5 million de logements sont inoccupés en Espagne. "Cette situation aurait dû freiner les prix, mais cela n'a pas été le cas", a fait remarquer le responsable de Tasa Madrid selon lequel les prix continueront d'augmenter "sans doute d'une façon plus modérée, restant toutefois bien supérieurs au rythme du taux de la croissance économique et du taux d'inflation".

Cet engouement pour l'immobilier a provoqué un endettement record des ménages à tel point que le gouverneur de la banque d'Espagne, Jaime Caruana, a lancé un avertissement avant l'été. "Il serait souhaitable que les dépenses tendent à s'aligner sur l'évolution des revenus" pour ne pas menacer à l'avenir la reprise économique, a-t-il assuré.

En moyenne, près de 50% des revenus des ménages ayant acquis un logement sont destinés au remboursement d'un prêt hypothécaire.

(avec AFP)

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