La crise de croissance des énergies renouvelables

Dans un contexte économique défavorable amplifié par le retour en force des énergies fossiles, les fabricants d’équipements ont dû revoir leur stratégie.

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Les objectifs en matière de production d’énergie renouvelable au niveau européen demeurent ambitieux. La consommation d’énergie finale provenant de sources renouvelables doit atteindre 20 % en 2020 - contre 9 % actuellement - et 40 % en 2030. Dans les faits, les énergies renouvelables ont connu un sévère ralentissement ces dernières années. Et en particulier le solaire photovoltaïque. En France, le nombre d’emplois dans le secteur a dégringolé de 30 000 en 2011 à environ 12 000 en 2013. Quant au solaire thermique, le marché européen est en baisse pour la troisième année consécutive, avec une chute de 7,1 % en 2014. Le chauffage à granulés de bois vient de subir deux années de baisse dans la plupart des pays européens, jusqu’à -40 % en Autriche pour les chaudières. De même pour l’éolien de 2011 à 2013, qui a cependant marqué un rebond en France l’an dernier.

Fonctions avancées de régulation et de programmation

Plusieurs facteurs expliquent cette morosité. Outre les politiques gouvernementales moins volontaristes, l’effondrement durable du prix des énergies fossiles n’avait pas été anticipé. Malgré les avancées apportées par la RT 2012 et le plan de transition énergétique, l’avenir demeure incertain et les fabricants sont contraints de revoir leur stratégie.

La première carte que jouent les fabricants est celle de l’innovation pour développer des équipements plus efficaces, plus performants, intégrant des fonctions avancées de régulation et de programmation. Dans le photovoltaïque, l’innovation est venue des micro-onduleurs qui permettent de réguler en finesse chaque panneau (Enphase, Solar Edge, ABB, SMA, etc.). Dans le solaire thermique, la profession s’est mobilisée, afin de trouver une parade aux dysfonctionnements des installations, du fait d’un problème de surchauffe estivale. Conséquence : les installations neuves sont plutôt sous-dimensionnées et différentes stratégies de sécurisation sont employées comme un vase d’expansion surdimensionné, des volets mobiles, une circulation nocturne pour rafraîchir les capteurs, ou encore un système autovidangeable qui facilite également la maintenance.

Marchés en quête de maturité

Par ailleurs, les fabricants se recentrent sur les marchés les plus porteurs. « Notre stratégie pour le solaire thermique est de nous tourner vers le secteur collectif, et notamment les réseaux de chaleur, explique Pierre Laclais, du service marketing de Clipsol. De son côté, le photovoltaïque évolue vers l’autoconsommation, avec le développement de structures de 250 à 1 500 Wc permettant au consommateur d’utiliser l’électricité produite et donc, de ne plus la vendre au réseau comme c’est majoritairement le cas aujourd’hui. »

Un autre exemple est donné avec les chaudières à granulés de bois, qui ne représentent toujours que quelques pourcentages du marché. La forte croissance des ventes en Europe a été cassée ces deux dernières années, comme cela a été constaté lors du dernier Propellet Event, en juin à Chambéry. Le marché s’est effondré dans les pays pionniers comme la Suède, le Danemark, ou l’Autriche. il s’est réduit de manière moindre en Allemagne, qui constitue le premier marché européen. En retard, l’Europe du sud a décollé plus tardivement et s’en sort mieux, en particulier l’Espagne, avec des produits d’entrée de gamme qui dynamisent le marché. Les chaudières à granulés bois y étant en moyenne 50 % plus chères que les énergies fossiles, les fabricants misent sur l’innovation pour séduire la clientèle : performance (condensation), automatisation de l’alimentation et compactage, régulation, etc.

Autoconsommation plutôt que revente

Ces turbulences vont durer. Le secteur vit en effet une triple révolution, celle des coûts et des réglementations (baisse du prix des capteurs photovoltaïques, hausse progressive du tarif de vente de l’électricité), des techniques (stockage de l’électricité, microcogénération, etc.), ainsi que des besoins en consommation. Avec le réchauffement climatique conjugué à l’essor des maisons Bepos et passives, l’eau chaude sanitaire devient, dans le neuf, le principal poste de consommation devant le chauffage ; et le besoin en rafraîchissement gagne de l’importance. Cette situation accentue l’intérêt pour les systèmes réversibles, comme les pompes à chaleur, les planchers chauffants rafraîchissants sur géothermie, les dalles actives, etc.

Quant à la production d’électricité, le basculement s’est déjà produit. Un nombre croissant d’installations en tertiaire ou en résidentiel fait le pari de l’autoconsommation plutôt que celui de la revente sur le réseau. Le développement d’une offre financée et organisée d’effacement devrait renforcer cette évolution. Des avancées sont également attendues avec le stockage d’énergie, l’une des clés pour asseoir durablement les énergies renouvelables, dont la production est intermittente.

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