En octobre 1999, le jury de l’Equerre d’argent tranche pour la première fois en faveur d’un ouvrage d’art. L’élégance de la passerelle que l’architecte et ingénieur Marc Mimram a jetée par-dessus la Seine, entre le musée d’Orsay et les Tuileries, a fait mouche. Aujourd’hui, son concepteur estime que la récompense a d’ailleurs « permis de faire entrer les ouvrages d’art dans le champ de l’architecture dont on avait alors tendance à penser qu’il s’arrêtait au seuil des bâtiments ». A l’époque, ce pont piétonnier succède à une passerelle qui, trente ans durant, a « provisoirement » remplacé un pont du XIX siècle. La structure enjambe le fleuve d’un seul élan, grâce à un arc long de 106 m. Le dispositif, qui marie la courbe et la ligne, permet de multiplier les cheminements et de desservir les différents niveaux de quais. Dans ce cœur historique de Paris, la passerelle se veut « un ouvrage sensible à la situation. Nous n’avons jamais affirmé une radicalité de rupture. Aujourd’hui, on a comme l’impression qu’elle a toujours été là », rappelle Marc Mimram. L’architecte souligne néanmoins que « dix ans auparavant, les techniques disponibles n’auraient pas permis de la réaliser. La soudure en plein air de tôles de forte épaisseur, notamment, était une possibilité récente ». En effet, la structure de l’arc central a été acheminée en pièces détachées, assemblées sur le site.
Amortisseurs dynamiques
Le projet, mené par l’Etat dans le but d’être rétrocédé à la mairie de Paris, a toutefois connu une péripétie de dernière minute. Lors de son inauguration, en décembre 1999, il a été reproché à la passerelle de trop osciller. Elle fut alors fermée au public. « Sa finesse n’était pas en cause et jamais il n’y a eu de problèmes de stabilité mais il y avait une question d’inconfort, réaffirme Marc Mimram. Nous avons donc installé des amortisseurs dynamiques au centre de l’ouvrage. D’ailleurs, ce procédé, qu’on n’utilisait pas jusqu’alors, est employé partout aujourd’hui. » La polémique a fait long feu, la douce promenade demeure et porte désormais le nom du poète sénégalais Léopold Sédar Senghor.





