Un programme d'aménagements de sécurité de 100 millions d'euros a été lancé en 2003 dans 32 tunnels ferroviaires français considérés comme prioritaires, indique lundi 29 décembre Réseau ferré de France (RFF), en réaction à un rapport très critique sur le sujet de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF).
"Il y a des déficiences dans les tunnels ferroviaires en matière de sécurité qui pourraient dans certaines circonstances entraîner un grand nombre de victimes", avertit en effet le colonel Jean-François Schmauch, le rédacteur du rapport dont les grande lignes ont été révélées lundi par "Le Figaro." Le document doit être rendu public en mars par la FNSPF, principale organisation de la profession.
"Tous les tunnels, routiers ou ferroviaires, sont à risques. Un train d'hydrocarbures qui brûle dans un tunnel, personne ne sait l'éteindre. A la campagne, ça peut être sans gravité. En ville, on peut avoir une catastrophe", affirme le colonel Schmauch.
L'étude, qui a analysé 80 sinistres ferroviaires dont une trentaine dans des tunnels, s'est particulièrement intéressée au cas de la Suisse, en avance dans ce domaine comparé à la France.
Le rapport propose une série de mesures de "bon sens, comme la limitation de la vitesse ou d'éviter les croisements de train de marchandises avec les trains de voyageurs", selon le colonel Schmauch.
La majorité des mesures proposées concerne l'équipement des tunnels en moyens de sécurité comme des points d'eau pour les pompiers, des éclairages très puissants, des alimentations en air respirable, des systèmes de radio-communication, des caméras et des systèmes d'arrosage automatique.
Le doublage des tunnels pour permettre l'intervention des secours, comme dans le tunnel sous la Manche, est également recommandé tout comme des trottoirs d'accès facile pour évacuer les personnes à pied.
Les véhicules de secours devraient également pouvoir rouler sans difficulté dans les tunnels sans être gênés par des rails trop élevés.
Le rapport préconise également la mise en place de trains destinés à acheminer des secours dans des endroits très difficiles d'accès.
"Il existe un seul train de secours en France, contre 19 en Suisse. A l'échelle de la France, cela veut dire qu'il en faudrait 200", commente le colonel Schmauch.
Concernant le financement de ces mesures, le colonel Schmauch suggère qu'une partie du coût soit répercuté sur le prix des billets.
32 tunnels prioritaires
"Nous sommes conscients de l'importance du sujet évoqué par ce futur rapport, et d'ailleurs nous travaillons sur une liste de 32 tunnels considérés comme prioritaires par le ministère des Transports", a indiqué en réponse à l'Agence France Presse un porte-parole de RFF.
"Les travaux effectifs d'aménagements de la sécurité dans ces 32 tunnels, ayant pour objet de favoriser l'intervention des services spécialisés en cas de sinistre, ont été lancés en 2003", a-t-il précisé. Il a cité "l'installation d'éclairages spécialisés et de zones d'évitement", parmi ces travaux techniques visant à faciliter l'accès des secours dans les tunnels. "C'est un programme qui porte sur 100 millions d'euros", a-t-il ajouté sans pouvoir donner une date d'achèvement des travaux.
La France compte 1.300 tunnels ferroviaires, dont 116 d'une longueur supérieure à 1 km.
