Tube Lines, la société privée qui a pris en début d'année le contrôle d'une partie du métro de Londres, vient de présenter son plan de modernisation et d'amélioration du réseau de la capitale britannique, victime de décennies de sous-investissements. Tube Lines compte dépenser 4,4 milliards de livres sterling (6,87 milliards d'euros) sur les sept années et demi à venir pour améliorer les trois lignes du métro londonien qui lui ont été concédées pour trente ans.
"Notre priorité immédiate est d'améliorer la fiabilité des services actuels. Nous nous sommes assignés des objectifs ambitieux comme réduire en un an de 10% les retards des trains", a indiqué Terry Morgan, le directeur général de Tube Lines, au cours d'une conférence de presse.
Tube Lines a signé dans la plus grande discrétion le 31 décembre dernier le contrat de concession pour trois des treize lignes du métro londonien (Jubilee, Picadilly et Northern), qui marque le coup d'envoi de la semi-privatisation du métro de Londres, en discussions depuis plus de trois ans. "Lors des trois dernières années où la question (de la privatisation) a été discutée âprement, tout le monde a reconnu que le métro londonien avait un besoin urgent d'investissements", a ajouté Terry Morgan.
Tube Lines, dont le capital est détenu par trois groupes britanniques de construction (voir encadré), veut également remplacer les systèmes de signalisation sur les lignes Jubilee et Picadilly et augmenter le nombre de trains.
Autre chantier, la rénovation et l'amélioration de 97 des 100 stations gérées par le consortium. "Ce programme de modernisation du métro va transformer radicalement ce que vivent les Londoniens sur ces trois lignes", a assuré le directeur général de Tube Lines.
Le métro londonien (ou "tube"), qui est le plus ancien du monde, souffre de pannes à répétition, retards et autres encombrements. Il est aussi l'un des plus chers au monde pour les usagers.
Le chantier de sa modernisation et de sa privatisation a pris du retard à cause de l'opposition notamment du maire de Londres, Ken Livingstone, alors que le Premier ministre travailliste Tony Blair, en avait fait sa priorité à son arrivée au pouvoir en 1997.
"Pour la première fois depuis longtemps, London Underground (la société publique qui exploite le métro londonien) peut penser au long terme", s'est félicité Terry Morgan.
Un autre consortium, Metronet, a déjà été désigné candidat préférentiel pour les dix lignes restantes: "Metronet devrait prendre le contrôle de ses lignes dans le courant de l'année 2003", a assuré Paul Godier, le directeur général de London Underground.
Le "partenariat public-privé", forme alternative de privatisation définie par le gouvernement travailliste, prévoit que les gestionnaires doivent améliorer les performances du réseau sous peine d'amendes et de pénalités. "Nous devrons payer des pénalités pour les retards occassionnés à nos passagers. La ponctualité est donc le principal de nos soucis", a ajouté Terry Morgan.
Mais une hypothèque plâne déjà sur l'avenir de Tube Lines: l'un de ses trois actionnaires, la société de BTP Amey, est en pleine déconfiture financière. "Les deux autres actionnaires de Tube Lines ont donné six mois à Amey pour entrer dans le capital du groupe. Passé ce délai, ils assumeront leurs responsabilités, mais l'avenir de Tube Lines sera assuré", s'est défendu Terry Morgan, balayant ainsi les critiques des opposants à la semi-privatisation du métro.