A la promulgation de la loi relative aux services express régionaux métropolitains (Serm), attendue début janvier, la Société du Grand Paris (SGP) deviendra la Société des Grands Projets. Quel sera son rôle dans le déploiement des Serm ?
Au-delà du changement de nom, la loi permettra à la Société des Grands Projets, en lien avec la SNCF, de s'impliquer dans la réalisation des services express régionaux métropolitains hors de l'Ile-de-France. Comme le précise le texte, un Serm consiste en une offre multimodale de services de transports collectifs publics qui s'appuie prioritairement sur un renforcement de la desserte ferroviaire. S'il n'est pas question pour la SGP d'intervenir sur le réseau ferroviaire existant, elle pourra en revanche jouer un rôle de coordination d'ensemble dans des projets plus globaux intégrant des bus à haut niveau de service, des réseaux cyclables… La SGP pourra aussi assurer la maîtrise d'ouvrage des infrastructures ferroviaires dans trois cas : création de nouveaux tronçons, régénération de sections existantes (voyageurs ou fret) délaissées depuis au moins cinq ans et extension d'un réseau de transport public urbain. Pour les années à venir, l'activité essentielle de la SGP restera la construction du Grand Paris Express (GPE). Mais on peut penser que la montée en puissance progressive des Serm l'occupera un peu plus chaque mois, année après année.
On a d'abord parlé des RER métropolitains et maintenant des Serm. Pourquoi ?
Les RER métropolitains étaient des projets uniquement ferroviaires. Les Serm, comme je viens de l'évoquer, s'inscrivent dans une logique plus globale d'intermodalité.
Comment la SGP prévoit-elle de s'organiser pour mener ces nouvelles missions ?
Elle a déjà commencé à le faire puisqu'elle a été sollicitée dès le printemps 2022 par Jean Castex, alors Premier ministre, pour apporter son concours au projet de liaison entre Lille et le Bassin minier. Quelques semaines auparavant, en visite dans le Nord, le président de la République avait en effet souhaité une relance rapide de cette opération. A l'été 2022, nous avons créé une filiale, SGP Développement, afin de bien isoler les missions relevant des Serm de l'activité de construction du GPE. Néanmoins, en interne, nous avons mis en place une direction spécifique - la direction du développement des transports territoriaux - composée d'une dizaine de personnes chargées, à la demande de l'Etat, d'établir des premiers contacts avec les régions concernées par un Serm. Et dans le cas spécifique des Haut-de-France où les discussions sont les plus avancées, nous avons déjà installé une direction de projet de trois personnes. Présentes à temps partiel à Lille, elles commencent à travailler sur le Serm lillois en lien avec SNCF Réseau, SNCF Gares & Connexions et, bien sûr, les collectivités locales au premier rang desquelles la région Hauts-de-France et la métropole.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Assez vite après la promulgation de la loi, SGP Développement signera une convention avec la région Hauts-de-France qui cadrera son intervention. Elle en conclura une autre avec la région Grand Est concernée par trois projets de Serm : les liaisons Metz/Luxembourg et Bâle/Mulhouse, et à Strasbourg.
L'autre actualité de la SGP concerne le GPE et l'attribution, le 15 décembre, à Eiffage, du premier marché de conception-réalisation de la ligne 15 est. Quelles sont ses caractéristiques ?
Ce marché, d'un montant de 2,54 Mds € HT, inclut la réalisation d'un tunnel de 17 km entre Champigny (Val-de-Marne) et Bobigny (Seine-Saint-Denis), de 6 nouvelles gares et de 17 ouvrages annexes. Il comprend aussi la construction de l'atelier de maintenance de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et de deux immeubles, l'un de logements au-dessus de la gare de Nogent-Le-Perreux (Val-de-Marne), l'autre de bureaux à destination de PME/PMI attenant à celle de Bondy (Seine-Saint-Denis). En revanche, il exclut la gestion des déblais. Celle-ci fait l'objet d'un marché spécifique pour la totalité de la ligne 15 est (de Champigny à Saint-Denis Pleyel), remporté à l'automne 2022 par un groupement piloté par Eiffage Génie civil, qui s'est engagé à valoriser la quasi-totalité des déblais.
A quelle date les travaux de la ligne 15 est débuteront-ils ?
La construction des parois moulées devrait démarrer d'ici un an et le creusement du tunnel dans deux ans et demi environ. Ce calendrier conduit à une mise en service de cette section à l'horizon 2031 comme celle du premier tronçon de la ligne 15 ouest (Pont-de-Sèvres/La Défense). Egalement passé en conception-réalisation, ce marché a été notifié en juillet dernier à Vinci Construction Grands Projets pour 2,71 Mds € HT.
« Nous restons sur un objectif d'achèvement du Grand Paris Express à l'horizon 2031 »
Quand les deux derniers marchés de conception-réalisation seront-ils attribués ?
Ces marchés concernent l'un le tronçon Courbevoie/Saint-Denis Pleyel sur la 15 ouest, l'autre la section Drancy/Saint-Denis Pleyel sur la 15 est. Nous devrions les notifier en avril et mai 2024, ce qui signifie qu'à l'été prochain, nous aurons attribué tous les gros marchés de génie civil du GPE. Nous restons sur un objectif de mise en service de la totalité de ces deux lignes en 2031 et donc de l'achèvement du GPE à cet horizon-là.
Quel est l'état d'avancement des autres lignes ?
Nous avons déjà creusé plus de 100 km de tunnels sur un réseau de 200 km, qui comptera une vingtaine de kilomètres en aérien, et équipé globalement une soixantaine de kilomètres de voies sur l'ensemble des lignes. Nous avons fini le génie civil de la ligne 15 sud (Pont de Sèvres/Noisy-Champs) et creusé à 97 % le tunnel de la ligne 16 (Saint-Denis Pleyel/ Noisy-Champs). D'ailleurs, aujourd'hui, on ne compte plus qu'un seul tunnelier en action, sur la ligne 16 justement, dans le secteur de Sevran (Seine-Saint-Denis). Lorsqu'il aura terminé sa course au premier trimestre 2024, il n'y aura plus un seul tunnelier mobilisé sur le chantier du GPE pendant environ six mois. Les percements reprendront ensuite sur la dernière section de la ligne 18, entre Saint-Quentin-en-Yvelines et Versailles Chantiers (Yvelines), puis sur le dernier tronçon de la ligne 17 dans le secteur de l'aéroport de Roissy, puis enfin sur les lignes 15 est et 15 ouest. Par ailleurs, il ne nous reste plus que quatre marchés d'aménagement et d'équipement de gares à attribuer ainsi que celui de la construction de la gare du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), terminus de la ligne 17.
L'année 2024 marquera une date importante pour le GPE avec la mise en service de la première ligne, la 14, pour les Jeux olympiques… Le calendrier sera-t-il bien respecté ?
Le prolongement au sud de la ligne 14 (Olympiades/Aéroport d'Orly) est réalisé sous maîtrise d'ouvrage déléguée de la RATP. La partie nord, sous maîtrise d'ouvrage directe de la SGP, inclut notamment la construction de la gare Saint-Denis Pleyel, signée Kengo Kuma. Les travaux de finition sont en cours, et nous y avons vu rouler les premières rames en novembre dernier. La commission de sécurité est prévue fin avril 2024. Globalement, le planning est respecté pour une mise en service de l'intégralité de la ligne 14 en juin prochain, qui sera donc pleinement opérationnelle pour les Jeux olympiques.