Les futurs usagers de la ligne 15 sud du Grand Paris Express (GPE) vont devoir prendre leur mal en patience. Cet axe reliant Pont de Sèvres à Noisy-Champs n’entrera en service que fin 2026, soit un an plus tard que prévu. En novembre dernier, la Société des grands projets (SGP) avait annoncé un premier report d’environ six mois, justifié par les difficultés rencontrées lors des premiers essais effectués en septembre 2024 et par « la complexité inédite du système ». Les tests complémentaires et le travail de replanification menés au cours des trois derniers mois ont conduit le maître d’ouvrage du GPE à affiner son calendrier et à retarder de six mois supplémentaires l’ouverture de la ligne.
Les lignes 16 et 17 impactées
Par ailleurs, ce nouveau planning, en raison d’un système d’automatismes de conduite commun avec la ligne 15 sud, impacte la livraison des premiers tronçons des lignes 16 et 17. Décalée elle aussi d’un semestre, elle interviendra au deuxième trimestre 2027 pour la section Saint-Denis-Pleyel/Clichy-Montfermeil sur la 16 et Saint-Denis-Pleyel/Le Bourget Aéroport sur la 17. En revanche, assure la SGP, « le calendrier des tronçons ultérieurs de ces deux lignes ainsi que celui des lignes 15 Ouest et 15 Est n’est pas remis en cause ». L’établissement public confirme également la date d’ouverture de la ligne 18, indépendante en matière de systèmes de transport.

« Livrer un métro parfaitement fiable et sûr »
« Ce n’est pas un moment facile. Mais nous avons la responsabilité de livrer un métro parfaitement fiable et sûr et de garantir un niveau de performance optimal », souligne Jean-François Monteils, président du directoire de la SGP. « Nous avons sous-estimé les délais nécessaires à l’appropriation du système de transport », reconnaît Bernard Cathelain, membre du directoire. « Ce projet est unique. Nous mettons en service en une seule fois 37 km de ligne avec 16 gares, qui sont des objets très complexes, de grande profondeur, avec des trains qui rouleront en automatique à plus de 100 km/h. Sans doute, avons-nous trop raisonné par analogie avec ce qui a été fait antérieurement mais sur des lignes plus courtes, avec des gares moins profondes et des trains circulant moins vite », explique-t-il.

Jean-François Monteils, président du directoire de la SGP (à gauche), et Bernard Cathelain, membre du directoire de la SGP, présentent le nouveau calendrier, le 18 février 2025. © SGP
Plan d’action
Afin de respecter ce nouveau calendrier qualifié de « robuste », la SGP a mis en place un plan d’action co-construit avec ses principaux partenaires (assistants à maîtrise d’ouvrage, maîtres d’œuvre, industriels…). Il vise notamment à optimiser l’enchaînement entre les différentes phases de travaux et d’essais et repose sur trois piliers : atteindre une configuration la plus définitive possible des installations requises à la conduite des essais ; dissocier les essais du système de transport et ceux des gares et enfin adapter le mode de relations avec les partenaires. « Nous allons mettre en place un plateau commun réunissant le consortium en charge du système de transport Siemens-Hitashi, le maître d’œuvre, Systra, et la SGP. Nous allons également renforcer l’intégration générale en amplifiant le rôle de Systra et enfin installer un comité de suivi stratégique chargé de veiller au bon respect du planning », détaille Bernard Cathelain.
Valérie Pécresse « choquée »
Valérie Pécresse, présidente de la région lle-de-France et d’Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports, n’a pas manqué de réagir à ces annonces de la SGP. Se disant « choquée par l’ampleur des nouveaux retards », elle demande la création d’une mission de contrôle et de coordination technique Etat/IDFM, pour les réduire au maximum. Elle souhaite également que RATP GI, qui gérera l’infrastructure, RATP et Keolis, futurs exploitants, soient étroitement associées à l’ensemble des travaux en cours pour que leur « prise en main » de la ligne en soit pas source de retards supplémentaires.