Les endiguements, liés à la création des infrastructures (voie ferrée, RD 650, port ostréicole) ont peu à peu soustrait les prés salés ouest de La-Teste-de-Buch (Gironde) aux influences de la mer. Avec pour résultat, l’apparition d’une espèce invasive, Baccharis Hamilifolia,qui a rendu cette zone de pâturage difficilement accessible.
Une situation qui a perduré en raison d’un contentieux juridique : bien que ces terres fassent partie du rivage, elles ont été cédées au cours de l’histoire à des propriétaires privés. En 1996, cependant, cette ambiguïté a fini par être levée : les terrains ont été rattachés au domaine public maritime et décision a été prise de les restaurer et de les mettre en valeur. « Ces prés salés ont vocation à devenir un parc maritime pédagogique, où la découverte des écosystèmes n’est pas incompatible avec leur protection », explique Stéphane Ducros, le responsable du service développement durable de la Ville.
Le projet de l’agence Mutabilis Paysage, retenu à la suite d’une consultation, propose non pas de revenir à l’état antérieur aux endiguements mais de révéler la richesse des milieux naturels qui se sont développés après leur construction. « Comme dans un delta, le projet vise à faire coexister les milieux d’eau douce et écotones – zones de transition entre deux écosystèmes – liés aux prés salés », explique la paysagiste Camille Thuile.
Pour réaliser cet aménagement paysager, l’équipe tire parti d’une forte contrainte imposée dans le cahier des charges. Les prés salés doivent, en effet, servir de bassin d’expansion à une rivière, la Craste douce, en cas de crue. La solution retenue consiste à détourner le lit de cette source d’eau douce vers les marais pour les alimenter et améliorer les conditions de leur développement. Capable de contenir 37 000 m3 d’eau, la zone d’étalement qu’ils forment pourra neutraliser les risques d’inondation, en cas de fortes précipitations. Des bassins de lagunage seront réalisés en amont pour filtrer l’eau de la rivière. Les prés salés, eux, seront recréés grâce à l’ouverture partielle de la digue de contact séparant la petite mer du bassin d’Arcachon. Une levée de terre, de 800 mètres de long sur 1,5 mètre de haut, isolera les prés salés des marais.
En lisière de ces deux milieux reconstitués, une grande prairie accueillera des aires de pique-nique et des manifestations festives. Par ailleurs, un inventaire raisonné des espèces végétales sur l’ensemble du site a permis d’identifier les variétés qui seraient préservées.
Certaines d’entre elles seront mises en scène dans des jardins pédagogiques : la station des sables – un jardin de dunes semées d’essences méditerranéennes –, la station des grandes fougères, des osmondes (une variété de fougères) et celle des sérapias (une variété d’orchidées). Entre les marais débroussaillés émergeront des bosquets d’aulnes, de bouleaux, ou de pins, qui cadreront les vues sur le bassin d’Arcachon.