A deux mois de l’ouverture des Jeux Olympiques de Londres, la sculpture symbole de l’événement est achevée. Sculpture ou architecture ? Son concepteur, l’artiste plasticien anglais d’origine Indienne Anish Kapoor, hésite. Ce sera en tout cas la plus haute sculpture du Royaume-Uni, et une sculpture habitée. Son histoire a commencé en 2008 au cours d’une rencontre informelle entre Boris Johnson, le maire de Londres, et Lakshmi Mittal, président du groupe ArcelorMittal leader mondial de la sidérurgie. Le premier rêvait d’un signal fort pour ce nouveau quartier de l’est londonien. Le second, parmi les plus grandes fortunes du pays, avait les moyens de fournir l’acier pour le construire. Il financera finalement le projet à hauteur de 19,6 millions de Livres, sur un total de 22,7 millions, les 3,1 millions restants étant apportés par la ville de Londres (London Development Agency).
Lauréat du concours qui a réuni une cinquantaine de candidats, Anish Kapoor s’est inspiré du mythe de la tour de Babel pour concevoir son œuvre : une tour de 114,50 m de haut qui rompt avec la symétrie et la verticalité pour se tordre en plusieurs boucles.
« Gribouillis géant » ou « trombone mutant »
Tour à tour décrite par ses détracteurs comme un « gribouillis géant », un « trombone mutant », une « tour Eiffel ivre » ou un « narguilé », l’œuvre baptisée ArcelorMittal Orbit est implantée dans le parc olympique, entre le stade et le centre aquatique conçu par Zaha Hadid. L’artiste, associé à l’ingénieur-architecte Cecil Balmond (ancien vice-président du groupe d’ingénierie Arup), a imaginé une structure tubulaire continue de près de 600 m de long enroulée en boucles et touchant le sol en trois points. Ce tube de diamètre variable est composé d’un treillis de tubes d’acier d’environ 500 mm de diamètre moyen assemblés par 35 000 boulons sur la base d’une maille triangulaire ou quadrangulaire selon des efforts à transmettre. Les 2200 tonnes d’acier, fournies par ArcelorMittal, proviennent de cinq usines européennes du groupe. 60 % sont issus du recyclage de ferrailles.
Plates-formes d’observation
Le fût central de la tour abrite deux ascenseurs d’une capacité de 21 personnes desservant deux plates-formes d’observation de 300 m² posée l’une sur l’autre au-dessus du vide, à 80 m de haut. Ce cône déformé qui constitue la base structurelle de l’édifice est composé d’anneaux superposés, réalisés eux-mêmes à partir de huit nœuds en forme d’étoiles à six branches. C’est autour de cette base que s’enroule le réseau de boucles qui enveloppent la tour et supportent les plates-formes.
Simulation 3D
Pour dimensionner une structure stable capable d’absorber les pressions du vent, l’ingénieriste Arup a utilisé des logiciels de simulation 3D. « De tels calculs auraient été impossibles il y a dix ans », estime Pierre Engel, chef de projet pour ArcelorMittal. Afin de réduire les effets dynamiques du vent, les ingénieurs ont préconisé l’installation dans le tube vertical d’un amortisseur de masse accordé dont le balancier pèse 40 tonnes. Un tel dispositif permet de réduire les vibrations dues au vent tout en utilisant la quantité minimale d’acier.
Cet immense puzzle d’acier d’un rouge éclatant a été assemblé et monté en 18 mois par cinq charpentiers de l’entreprise britannique Watson Steel Structures, assistés d’un géomètre.
Escalier en courbe sinueuse
Les visiteurs de la tour pourront redescendre de la plate-forme d’observation en empruntant un escalier de 455 marches qui forme une courbe sinueuse autour de l’enchevêtrement de tubes d’acier. Les 38 volées d’escalier en acier galvanisé sont enveloppées d’une maille d’acier inoxydable dont l’opacité change en fonction de l’angle de vision et de la densité des ouvertures, plus importantes dans la partie supérieure des panneaux.
