Avec un quai de chargement de 150 m de long et une cuve de 2000 m3 inaugurés le 4 juin au port autonome de Strasbourg, Soprema sauve l’approvisionnement de son usine mère. Jusqu’à sa fermeture à la fin 2011, la raffinerie de Reichstett, au nord de Strasbourg, fournissait chaque année les 70 000 tonnes de bitume industriel chaud, à raison de 20 camions par semaine. Suite à l’investissement de 2,1 millions d’euros HT réalisé en 2012, l’industriel s’approvisionne à Godorf, dans la région de Cologne. L’entreprise générale alsacienne Sotravest – un des premiers utilisateurs des toitures photovoltaïques Soprasolar de Soprema – a réalisé l’essentiel des travaux.
Environnement et emploi
Le mode fluvial a totalement remplacé la route depuis le début de cette année. Une barge toutes les trois semaines suffit à répondre aux besoins. Cette mutation divise par deux les émissions de gaz à effet de serre du site de Strasbourg et améliore son impact carbone de 46%. « L’achat en masse entraîne une réduction de nos coûts d’approvisionnement », ajoute Hervé Fellmann, directeur de Soprema France.
En amont du chantier de génie civil, « la formulation adaptée à l’utilisation de bitumes routiers a nécessité des dizaines de mois de recherche », témoigne Christine Robach, ingénieur spécialisée dans le bitume au département R & D. Conformes aux nouveaux protocoles européens CEN, les résultats positifs des tests de vieillissement accéléré et la stabilité de la formulation ont récompensé l’effort.

« Ni les poseurs, ni les clients finaux ne peuvent percevoir aucune différence », poursuit Christine Robach. « Nous démontrons ici la capacité des ingénieurs à mener des projets qui concilient l’emploi et l’environnement », commente Hervé Fellmann. Siège mondial du groupe, le site de Strasbourg emploie 400 personnes, dont une centaine pour l’usine.
Gisement de croissance
L’inauguration du 4 juin a donné lieu à un concert œcuménique d’éloges des exécutifs locaux de gauche et de droite ainsi que des services de l’Etat, qui ont financé et facilité l’investissement de 900 000 euros. En plaidant pour l’accessibilité cyclable du port autonome, le P-DG de Soprema Pierre-Etienne Binschedler a tendu une perche dont se sont saisis les décideurs politiques.

Catherine Trautmann, présidente du port, a évoqué le plan de déplacement interentreprises en cours de discussion avec les entreprises de la zone, tandis que Jacques Bigot, président de la communauté urbaine, a incité les entreprises à profiter de la desserte du tram à l’horizon 2015 : « Vous pourrez en optimiser l’effet en mettant des vélos à disposition des salariés », conseille-t-il. Guy-Dominique Kennel, président du conseil général, s’est réjoui de l’économie sur l’entretien des routes, générée par l’approvisionnement fluvial de Soprema. Philippe Richert, président de région, a rappelé l’engagement de Pierre-Etienne Bindschedler à la présidence du pôle de compétitivité Energive, dédié aux innovations dans le bâtiment à énergie positive.
Ces perspectives locales et régionales s’ajoutent aux projections mondiales optimistes de l’industriel : « Nous avons internationalisé l’entreprise sur son métier de base, tout en développant en France des activités nouvelles, qui offrent aujourd’hui un gisement de développement à l’exportation », annonce Pierre-Etienne Bindschedler, arrière-petit-fils du fondateur de l’entreprise créée en 1908. Le chiffre d’affaires de l’industriel a frôlé 1,5 milliard d’euros en 2012. Le P-DG espère franchir le seuil des deux milliards en 2015.