Les études se succèdent et finissent d'ancrer cette réalité : Vinci, Bouygues et Eiffage qui dominent le BTP européen ont plus souffert de la crise sanitaire que leurs concurrents, comme les Suédois Skanska, PEAB et NCC AB, le Britannique Balfour Beatty, le Néerlandais Royal BAM Group ou encore l'Autrichien Strabag.

Ainsi, selon l'étude "Comment les majors européens du BTP ont-ils traversé la crise de la COVID-19 en 2020 ?" du cabinet Mazars, les majors françaises ont enregistré un repli de 8,6% de leur activité par rapport à 2019, contre -7% en moyenne pour les concurrents, et une baisse de leur taux de marge opérationnelle de 2,5 points contre -1,9 points.
"Ce constat s’explique par la mise en place de mesures très restrictives en France, notamment des arrêts de chantiers sur des durées plus longues que dans la plupart des autres pays, avec des majors français encore orientés majoritairement sur leur marché domestique ; mais également en raison d’une présence de certains majors dans les activités de concessions, bien que ces activités représentent une part relative de leur activité globale", explique l'étude.

A contrario, Spie (baisse d'activité de 4,8%) et les entreprises diversifiées dans les services multi-techniques liés à l'énergie ont bénéficié des besoins en la matière pendant la crise et limité la casse. Spie qui a par ailleurs profité d'une forte présence à l’international. Comme l'Espagnol Ferrovial (+4,7% par rapport à 2019) dont l'activité du pôle construction (+8,3%) a profité du développement des activités internationales comme par exemple aux Etats-Unis (projet Grand Parkway à Houston).
Paradoxe, Vinci, très présent à l'international via les concessions, a évidemment énormément souffert de l'effondrement du trafic notamment aérien. C'est encore plus vrai pour son concurrent Atlantia, plongé dans la crise et qui enregistre la plus forte baisse d'activité du panel (-28,8%).
Confiance pour l'avenir
Très bon point en revanche pour le BTP français : les carnets de commandes atteignent des niveaux records, avec une progression de 9,7%, presque le double de la moyenne du panel (+4,9%).
"Cette tendance, pouvant être surprenante dans ce contexte incertain, témoigne d’une réelle continuité des investissements qui se sont maintenus à un niveau élevé en 2020", observe l'étude de Mazars.

Leader français en la matière, Vinci enregistre une hausse de son carnet de commandes de +15,7%, principalement portée par son pôle Construction, avec le gain du projet « City Rail Link » en Nouvelle-Zélande ou également la future ligne à grande vitesse du nord de l’Angleterre HS2. UN projet d'infrastructure qui a d'ailleurs été bénéfique à de nombreux groupes européens.
Loin devant en la matière, Acciona voit son carnet de commandes exploser (+34,9% par rapport à 2019), porté principalement par son pôle infrastructures, avec la signature de nouveaux projets pour 9,1 Mds€, dont la ligne 6 du métro de São Paulo. 2,5 Mds€ proviennent également de l’acquisition en Australie de Lendlease Engineering.
Enfin, "bénéfice" de la crise, la quasi-totalité des majors européens affiche une hausse de leur trésorerie et disponibilités sur l’exercice 2020 (+14,2 Mds€). Une hausse qui s’accompagne également d’une réduction de l’endettement net aussi bien pour les groupes ayant des activités de concessions (-3,6%) que pour les autres majors (-14,2%).