La filière fait le dos rond... en attendant le rebond promis pour 2014
Bâtiment, industrie, collectivités : les trois marchés cibles du secteur ne brillent pas par leur dynamisme. La construction neuve de logements est toujours le point noir du segment avec, à fin août 2013, une chute de 11,1 % des mises en chantier sur un an. Le recul sur la même période de 13,5 % des dépots de permis de construire ne laissent pas présager de retournement rapide de cette situation. Or le marché de l’entretien-rénovation ne brille pas, non plus. L’indice de la Capeb indique une accélération de la baisse d’activité dans ce domaine avec - 2 % au deuxième trimestre 2013. Et le recul de 15 % (à fin mai 2013 sur un an) des ventes de logements anciens ne rassurent pas. Du côté de l’industrie, les chiffres sont également négatifs. Une étude Insee de juillet 2013 prédit une baisse des investissements industriels de 6 % cette année, avec des reculs allant jusqu’à - 25 % dans le secteur automobile. Cependant, la situation devrait se stabiliser fin 2013 selon l’Insee. Enfin, chez les collectivités locales, le poids de la dette pèse sur les projets. Elle s’établissait à 169,7 milliards d’euros pour les administrations publiques locales au deuxième trimestre 2013 selon l’Insee. Cependant elle est en recul. De plus, la période pré-électorale incite les autorités à lancer (ou relancer) certains projets. La région Midi-Pyrénées vient par exemple d’annoncer la construction de deux lycées dès 2014. D’ailleurs, la Capeb note une forte hausse du nombre d’entreprises du bâtiment travaillant pour les collectivités locales au deuxième trimestre 2013 (37 % contre 30 % un an auparavant). Une lueur d’espoir qui aide la filière à « tenir bon » en attendant mieux pour 2014. Cependant, ces tensions sur les marchés finaux pèsent sur les prix et toute la filière parle de tension sur les marges.
Des métiers qui se complexifient
RT2012 et nouvelles méthodes constructives, régles plus strictes et complexes sur la sécurité de l’homme au travail, diffusion de nouvelles technologies (EnR, électroniques…) et de matériaux (PER, multicouches, isolants bio-sourcés…), problématiques émergentes (qualité de l’air, confort d’été…) : toutes les contraintes des métiers du bâtiment rejaillissent d’une manière ou d’une autre sur les segments de la quincaillerie-outillage. Si ce marché a toujours été habitué à gérer la complexité, le phénomène s’accélère. Le rythme des innovations dans les outils de mise en œuvre et de maintenance illustre cette tendance et désormais les chiffres d’affaires des nouveaux produits pèsent facilement 25 % dans les ventes des fabricants. D’autant qu’aux innovations liées à l’évolution technique ou réglementaire des marchés finaux s’ajoutent les évolution pour faire gagner aux clients installateurs du temps et de la productivité, sur leurs chantiers ou dans leurs ateliers. Ce double mouvement fait donc remonter du terrain une exigence d’expertise très forte. Les formations initiales planchent d’ailleurs sur la remise à plat de leurs référentiels. C’est le cas par exemple des CAP, BP et Bac Pro de la branche serrurerie et menuiserie métallique. Les installateurs sont également à l’affût de soutien chez leurs partenaires distributeurs et industriels. Ces derniers déploient des supports pédagogiques, parfois innovants comme la réunion en 2013 de cinq industriels du secteur (Fein, Lenox, Sam, Tivoly et Tubesca) au sein d’un concept nommé le Village Entre Pros. Ce village - structures gonflables, animées par des démonstrations produits et des opérations commerciales - était agréé « centre de formation itinérant ». Pendant six mois, quarante étapes - organisées chez des distributeurs - ont permis de rencontrer et de faire monter en compétence plusieurs milliers d’utilisateurs de leurs produits.
La question de la taille de plus en plus critique
En additionnant la pression que les difficultés économiques du marché font peser sur les marges et l’exigence d’investir pour s’adapter à la complexité grandissante du terrain, le mouvement de rapprochement entre les acteurs des mêmes marchés tend à s’accélérer. Côté industrie par exemple, l’émiettement de l’offre dans l’outillage à main (derrière le géant Stanley-Black & Decker-Facom et une entreprise européenne comme Fiskars-Leborgne) et la concurrence des importations « exotiques » a incité Sam Outillage à lancer une stratégie de croissance externe. Son plan Cap100 vise à constituer « un groupe européen de l’outillage autour de Sam, avec une place de leader en France », explique son Dg Olivier Blanc. L’entreprise stéfanoise a déjà acquis trois sociétés en deux ans et annonce la poursuite des opérations « notamment dans le secteur du bâtiment ». Dans la distribution aussi, le mouvement est en marche avec l’intégration progressive des indépendants isolés dans des groupements, ou leur rachat pur et simple par des concurrents. Même Descours & Cabaud, largement numéro un sur ce segment continue son maillage du territoire français. Cette question de taille critique est également un enjeu pour les distributeurs qui désirent travailler avec les géants du BTP (Eiffage, Vinci, Bouygues…), de la maintenance (Cofely, Dalkia…) ou de l’industrie. La place des « gros » acteurs sur ce marché ne va faire que croître. Même sur Internet, où jusqu’à présent la vente en ligne est surtout le fait de start-up ou de spécialistes de la VAD, des investissements massifs, réalisés par de grands groupes, sont annoncés.
