« Les Américains attendent beaucoup des architectes européens »

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Quel regard portez-vous sur l'architecture contemporaine aux Etats-Unis ?

L'enthousiasme bon enfant des Américains vis-à-vis de l'architecture est frappant. On peut tout construire, la porte est ouverte à toutes les architectures, sans discernement. Mais aujourd'hui, l'architecture américaine vit une crise et n'arrive pas à rattraper le niveau des autres arts. Le collage et l'imitation sont la base de l'enseignement du projet dans les écoles d'architecture. Les grands théoriciens comme Peter Eisenman ou Robert Venturi sont par ailleurs sortis du champ intellectuel. Cela dit, les Américains attendent beaucoup des architectes européens retenus ces derniers mois sur des concours prestigieux, de Jean Nouvel à Rem Koolhaas. Leurs contributions feront sans doute bouger les choses.

L'attentat du 11 septembre a-t-il eu un impact sur l'élaboration de votre tour ?

Cet attentat n'a pas eu d'incidence directe, mais sous la pression d'autres événements, les règlements se sont durcis. Par exemple, la grande panne d'électricité qui a paralysé en l'an 2000 Chicago et une partie de la côte ouest américaine a eu pour effet l'obligation d'équiper toutes les tours de groupes électrogènes autonomes. Mais en matière de sécurité incendie, les Américains sont plus pragmatiques que les Français : il y a moins de textes écrits et les dispositifs de sécurité s'élaborent en concertation avec les pompiers, qui sont de véritables partenaires. Le travail en devient plus agréable pour l'architecte.

Comment avez-vous organisé l'agence pour conduire cette opération ?

J'ai ouvert une filiale à New York (Viguier Inc) et créé une joint-venture avec le cabinet d'ingénieurs Teng & Associates, basé à Chicago. Le contrat américain a été rédigé entre le groupe Accor et cette joint-venture. Mais c'est le cabinet Teng qui a signé le permis de construire, car une licence d'exercice est nécessaire. Les deux premières phases de la réalisation (Preliminary design et Design development) ont été dessinées à Paris. Mais la troisième phase (Construction documents, l'équivalent de nos plans d'exécution) a été élaborée, à la demande d'Accor, par le bureau d'études américain avec des architectes de mon agence dirigés par Patrick Charoin délégué sur place, car il faut assurément avoir une bonne connaissance des normes. Au cours de cette phase, l'appel d'offres a été lancé afin que l'entreprise retenue règle les détails d'exécution avec nous, en s'engageant sur un prix et des délais. Cette pratique est très intéressante, car elle évite tout débordement au moment du chantier et garantit une grande conformité de l'ouvrage réalisé avec le projet.

PHOTO : JEAN-PAUL VIGUIER, auteur du pavillon de la France à Séville (1992) et du Master Plan pour la ville nouvelle de Johor Bahrer en Malaisie (1997-2002), réalise actuellement le centre franco- chinois de l'université de Tongji à Shanghai (Chine).

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