En 2007, le Grenelle de l'Environnement a fixé l'objectif de 20 % d'énergies renouvelables en 2020. Le solaire thermique peut largement y contribuer : on estime que le rayonnement solaire exploitable en France varie de 3 kW/m² par jour au nord à 5,2 kW/m² par jour au sud, soit l'équivalent de 100 à 150 litres de fioul par mètre carré de capteur. Mais pour atteindre ces objectifs, en complément des autres énergies renouvelables, le marché annuel actuel devra opérer un changement : être multiplié par cinq !
Après avoir été presque totalement oublié à la fin des années quatre-vingt, le solaire thermique a été relancé en 1999 par l'Ademe et le Plan Soleil. « A ce moment-là, se souvient Franck Cheutin, chargé d'évaluation au CSTB, alors que la certification CSTBat visant l'avis technique sur les procédés solaires avait été créée quelques années auparavant, nous travaillions seulement avec sept fabricants. Aujourd'hui, on compte 120 certificats délivrés sur les procédés solaires. »
La mise en place, en 2005, du crédit d'impôt de 50 % sur l'investissement d'un matériel utilisant les énergies renouvelables et notamment les chauffe-eau solaires individuels (CESI) et les systèmes solaires combinés (SSC), à condition que le capteur soit certifié CSTBat ou Solar Keymark, a aussi fortement contribué à relancer la machine. Aujourd'hui, tous les espoirs se tournent vers la nouvelle réglementation thermique attendue pour 2012.
Solaire thermique et bâtiment basse consommation
« Sans pouvoir affirmer que la RT 2012 demandera une obligation de moyen ou de résultat, on peut supposer qu'elle s'inspirera fortement du label Bâtiment de Basse Consommation énergétique, estime Nicolas Cohen-Solal, directeur du développement solaire de Terreal. La consommation d'énergie d'un bâtiment devra donc être inférieure à 50 kWh/m² par an. En travaillant sur la maîtrise des apports solaires et l'isolation, on va certes réduire les consommations de chauffage, mais restent celles d'eau chaude sanitaire, aux alentours de 60 et 80 kWh/m² par an pour une maison individuelle. Sur un budget de 100 000 €, auquel on ne veut pas ajouter 10 % de surcoût lié aux exigences de la RT, le solaire thermique est le procédé le moins cher. »
Dans les départements d'outre-mer, une longueur d'avance a été prise : depuis le mois d'avril dernier, une nouvelle réglementation thermique spécifique est entrée en vigueur. Elle rend obligatoire l'installation de chauffe-eau solaires dans les logements neufs et précise que « cette eau chaude est produite par énergie solaire pour une part au moins égale à 50 % des besoins ». Selon les industriels, le taux de couverture est déjà si important que cette mesure pourrait tout simplement permettre de produire avec le solaire 100 % de l'eau chaude sanitaire !
« En métropole, cela ne sera jamais possible, il faudra toujours utiliser une combinaison d'énergies, affirme Joseph Colantuono, chef de produits chauffage de Buderus. Toutefois, en visant la performance globale du bâtiment, le solaire thermique s'imposera de lui-même. »
