C 'est un « moment de solitude au milieu du pont sur le Rhin » qu'a relaté Jean-Marie Adam, technicien de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), fin novembre lors du forum franco-allemand de Strasbourg consacré aux plates-formes élévatrices mobiles de personnes (Pemp), autrement dit les nacelles. Exploitante du tramway, la CTS est amenée à faire traverser la frontière à ses équipes pour des travaux de maintenance sur les lignes électriques du réseau, depuis que celui-ci s'est étendu l'an dernier à la ville de Kehl. « Nous respectons et appliquons les règles de sécurité françaises, mais sont-elles compatibles avec celles des Allemands et avec leur code du travail ? Je cherche les réponses », a exposé Jean-Marie Adam. Et il n'en pas a obtenu de fermes durant cette rencontre d'experts et de praticiens organisée par le groupe de travail binational « santé et sécurité du travailleur par-delà les frontières », constitué autour de l'Euro-Institut de Strasbourg-Kehl.
Reconnaissance au cas par cas. L'harmonisation entre pays européens fait défaut, ont constaté les participants au forum. Dès lors, c'est le pragmatisme qui règne dans les situations transfrontalières. « Nous avons examiné le cas de la CTS, analysé les formations au certificat d'aptitude à la conduite en sécurité (Caces) et considéré que cette spécificité française pouvait être reconnue en l'occurrence », a répondu Christian Zapp, représentant la fédération professionnelle allemande bois-métal (BGMH) dans le Bade-Wurtemberg.
L'harmonisation ne constitue pourtant pas un but inatteignable. Certes, les différences entre la France et l'Allemagne existent s'agissant du contenu des formations à l'utilisation des Pemp, des procédures de validation et des documents de vérification - le pays voisin se repose davantage sur l'entreprise et les branches professionnelles que sur des certificateurs externes. Mais elles relèvent essentiellement de la nuance et, de ce fait, elles ne doivent pas entraver le chemin vers les objectifs partagés. Directeur des risques professionnels de la Carsat Alsace-Moselle, Georges Lischetti les a rappelés : « Réduire les accidents encore trop nombreux, améliorer l'évaluation des risques, redoubler de vigilance dans la préparation et la mise en œuvre. Car les nacelles ne sont pas des engins anodins. »