Les nouveaux atouts du chauffage au bois

Le développement d’appareils domestiques moins polluants et de meilleur rendement, les progrès des chaufferies collectives au bois et le soutien financier de l’Etat ouvrent de belles perspectives de croissance à l’utilisation du bois-énergie. Explosion des ventes d’appareils de chauffage au bois Contenu énergétique des trois formes de bois combustible

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«La France est le premier pays consommateur de bois-énergie en Europe, devant la Suède, la Finlande et l’Allemagne, mais elle ne doit pas en rester là, estime Jean-Louis Bal, directeur des énergies renouvelables et des marchés énergétiques à l’Ademe. Même si ce combustible est abondant dans notre pays, il faut apprendre à bien le gérer car d’autres usages seront amenés à se développer. » Le marché du bois-énergie doit encore progresser en volume, mais surtout en qualité. Le programme bois-énergie lancé en 2000 par l’Agence vise donc à promouvoir un usage performant de cette ressource, notamment en améliorant l’efficacité des appareils domestiques et en développant les investissements dans le collectif, le tertiaire et l’industrie.

Moderniser le parc d’appareils domestiques. Le secteur domestique représente plus de 80 % de la consommation nationale de bois-énergie et se caractérise par un faible rendement des appareils (entre 40 et 50 %), malgré des produits à haut rendement disponibles sur le marché.

Outre une consommation plus importante de bois, une combustion mal maîtrisée est à l’origine de pollution de l’air. « Les poussières et les composés organiques volatils (COV), émissions à réduire en priorité, sont en réalité des im­brûlés, symptômes d’une mauvaise combustion », analyse l’Ademe. L’Agence a donc soutenu le développement de marques de qualité pour améliorer le rendement des appareils, la qualité du bois combustible et la pose des équipements (voir encadré p. 70).

Par ailleurs, le DTU « fumisterie » vient d’être révisé pour intégrer aux règles de mise en œuvre des conduits de fumées les évolutions des pratiques professionnelles, des matériaux et des appareils de combustion (bois, fioul, gaz). Et un logiciel de calcul des conduits de fumées est aujourd’hui diffusé par BBS Slama pour faciliter la conception des installations de chauffage au bois.

D’autres obstacles au développement du chauffage bois sont encore levés avec l’arrêté « conduit de fumées » du 31 octobre 2005 et la RT2005, applicable en septembre prochain. Le premier oblige désormais, lors de la construction d’une maison chauffée à l’électricité, à prévoir un conduit d’évacuation de fumées vertical, compatible notamment avec un appareil de chauffage au bois. Quant à la RT2005, elle introduit la chaudière bois parmi les solutions de référence. Le crédit d’impôt de 50 % mis en place par le gouvernement pour l’achat d’équipements de chauffage utilisant une source d’énergie renouvelable s’applique aux appareils à bois d’un rendement minimum de 65 %.

Enfin, pour développer des produits performants en termes d’émissions limitées de polluants dans l’air et d’efficacité énergétique, l’Ademe a lancé, en 2005, un programme de recherche ciblé sur le bois-énergie domestique en maison individuelle. Parmi ses objectifs : développer la connaissance sur la caractérisation des imbrûlés solides et gazeux, afin d’évaluer leur impact sur la qualité de l’air intérieur des logements ou dans l’air à l’échelle locale, modéliser l’impact environnemental d’un appareil de chauffage (poussières, COV, dioxines…), modéliser le comportement thermique d’un appareil de chauffage dans le logement ou développer des systèmes permettant de piloter la demande de chauffage, la modification du combustible ou une installation multiénergie.

Développer le chauffagebois collectif. Si la consommation de bois-énergie dans les secteurs collectif et tertiaire reste faible par rapport à la consommation totale (moins de 2 %), elle connaît une progression de plus de 13 % par an depuis 2000. Aujourd’hui, le parc de chaufferies collectives au bois est estimé à 1 400 unités en fonctionnement, pour une puissance produite d’environ 670 MW.

La stabilité des prix du bois est un argument régulièrement avancé par les maîtres d’ouvrage qui investissent dans ce type d’installations. Pour nombre d’entre eux, cette stabilité permet de compenser, à moyen terme, les surcoûts de l’investissement. La diversification des sources d’énergie est également un moyen de mieux maîtriser les coûts pour l’usager. Ainsi, fin 2004, la ville de Vénissieux (Rhône) est venue compléter une installation de cogénération au gaz de 12 MW et des chaudières pour combustibles à haute viscosité (CHV), la graisse et le fioul lourd, avec une chaufferie au bois de 12 MW. Grâce à cette nouvelle installation, capable de couvrir entre 30 et 40 % des besoins énergétiques du réseau, André Santier, directeur du patrimoine de la ville, prévoit une diminution des coûts pour l’usager d’environ 7 %.

L’impact environnemental plaide également en faveur du bois-énergie. Selon une analyse du cycle de vie réalisée par ACV Bio intelligence service, la fourniture d’un mégawattheure utile à l’utilisateur à partir d’un chauffage collectif au bois raccordé à un réseau de chaleur consomme entre 0,17 et 0,26 MWh d’énergie primaire non renouvelable. En comparaison, cette consommation atteint 1,28 MWh à partir d’un chauffage collectif au gaz raccordé à un réseau de chaleur. La valorisation agronomique des cendres issues de la combustion du bois constitue un autre argument en faveur de la protection de l’environnement. « Cependant, cette démarche n’est encadrée par aucun texte réglementaire », constate Denis Givois, directeur énergies renouvelables et changements climatiques chez Dalkia.

Une campagne d’expertise menée dans le cadre du Plan bois-énergie 2000-2006 a également mis en évidence que la qualité des rejets était tributaire du dimensionnement des chaudières. Le surdimensionnement entraînerait un fonctionnement au ralenti favorisant la formation des imbrûlés. Ces précautions ne remettent toutefois pas en cause la qualité des installations, les émissions de polluants mesurées respectant globalement la réglementation.

Pour Jean-Christophe Pouët, chef de projet bois-énergie à l’Ademe, « on peut implanter des chaufferies collectives au bois partout en France. La filière d’approvisionnement en combustible est bien organisée et permet de répondre à la demande. » On compte aujourd’hui une soixantaine de fournisseurs répartis sur tout l’Hexagone.

Trois gisements de combustibles sont valorisables par la filière du bois-énergie. Au démarrage des premières chaudières collectives, les produits connexes de scieries (sciures et écorces) ont été utilisés. Mais face à la concurrence des papetiers et des panneauteurs, ce gisement a été progressivement abandonné. Les broyats de déchets industriels banals, comme les palettes ou les cagettes, constituent une autre source exploitable par la filière. Mais, là encore, le gisement s’épuise peu à peu. Restent les plaquettes forestières qui, avec un coût plus élevé, intéressent aujourd’hui seulement le bois-énergie.

Enfin, la cogénération au bois dans les secteurs collectifs et tertiaires rencontre encore peu de débouchés. En attendant une revalorisation du tarif d’achat de l’électricité, les maîtres d’ouvrage boudent cette technologie.

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