A la rentrée de septembre, les enfants du quartier d'Uzurat, au nord de Limoges (Haute-Vienne), pourront gambader joyeusement au sein des 3,5 ha de leur nouveau centre de loisirs, prévu pour en accueillir 200. Une réalisation ambitieuse opérée par la Ville, dont les curseurs environnementaux, notamment sur le volet réemploi, ont pu être poussés à fond grâce à la démarche Bâtiments durables Nouvelle-Aquitaine (BDNA) pour laquelle le projet a obtenu le niveau argent.
Le point de départ a été l'intégration au projet des cinq bâtiments de l'ancien camping, site sur lequel le centre de loisirs a vu le jour. La maîtrise d'œuvre, portée par l'Atelier Quatre et R2K Architecte, a ainsi démonté et déplacé un accueil en bois et un cabanon pour les transformer en local à vélos et en abribus notamment ; un bloc sanitaire a été conservé sur la partie nuitées en plein air ; un autre est devenu une salle d'activités et le dernier un réfectoire. Avec les bâtiments neufs du projet, ils forment un ensemble de 3 000 m2 en murs ossature bois isolés en paille hachée, dont les espaces sont reliés par une coursive autour d'un patio paysager.
Hugues Giraudy, président de l'Atelier Quatre, estime être rarement allé aussi loin dans la démarche du réemploi. « On ne sait pas ce que l'on va réutiliser, il faut sans cesse inventer et cela crée une esthétique. » Des tuiles inutilisables ont été concassées avant de venir compléter un mélange de terre pour les aires de jeux, des poutres en chêne d'un chantier voisin sont devenues des bordures tandis que les murs ont bénéficié d'habillage divers, en fonction des gisements. Ils ont d'ailleurs fait l'objet d'un lot spécifique attribué à Aléas Ecohabitat, une entreprise d'insertion limougeaude, rattachée à une association spécialisée dans le réemploi. Avec ce chantier, elle a pu exploiter 250 kits d'habillage de portes coulissantes neufs, voués à destruction, des portes de placard issues de logements et fournis par Eiffage et le parquet en chêne d'un gymnase démoli réemployé comme revêtement mural sur 500 m². « Pour cela, nous avons créé un système de fixation invisible », précise Jérôme Rougier, directeur technique de l'association.
L'eau de pluie pour les sanitaires
Les éléments naturels ne sont pas en reste : les terres de remblais sont venues créer des reliefs sur le terrain, les eaux pluviales récoltées en surface servent à irriguer le terrain ou se transforment en mini-canal pour jouer en cas de fortes précipitations. Elles alimentent aussi les sanitaires. « Quand nous avons démarré le chantier en janvier 2024, nous savions que la réglementation à ce sujet allait changer, nous avons donc installé des récupérateurs d'eau », précise Hugues Giraudy. L'alimentation des sanitaires en eaux de pluie a effectivement été autorisée par le décret du 12 juillet 2024. « Sur cette opération, il n'y a eu aucune impasse écologique, tout en contenant le budget qui s'élève à 2 400 euros/ m2 HT. Nous le devons à la maîtrise technique », complète-t-il.
Un critère a cependant empêché l'opération d'atteindre le niveau or de la démarche BDNA : le confort d'été. Un point qui sera traité avec l'installation de brasseurs d'air.