La Picardie maritime est à un moment charnière. Les stations risquent de perdre leur style Belle Epoque et l’idée d’élaborer un schéma de cohérence territorial sur l’ensemble du territoire (Scot) germe dans les esprits. Mais en attendant, les communes, compétentes en urbanisme, laissent sortir des opérations sans cachet ou en zone inondable. Après l’inventaire de l’architecture balnéaire et rurale réalisé par la Drac, qui a révélé des pépites, aucun suivi ni protection n’est assuré.
Avec un réservoir de 70 millions de visiteurs à 3 h d’autoroute, le succès ne peut que s’accélérer. L’immobilier s’envole : une maison vaut 400 000 euros au Crotoy, le prix du terrain a triplé à Ault en cinq ans, repoussant les autochtones jusqu’à 30 km à l’intérieur des terres. Les logements neufs haut de gamme se vendent vite, mais les appartements de moyenne gamme trouvent difficilement preneurs. Les promoteurs se pressent sur la côte pour construire des pavillons et des résidences de loisir, quelques belles demeures se transforment en chambres d’hôtes, les « mobil homes » se répandent, mais les hôtels restent rares. Convaincu par le syndicat mixte et les disponibilités en front de mer, Palm Promotion signe ainsi trois résidences à Cayeux, dont une en co-promotion avec Vinci et l’autre destinée à Eurogroup. Tout en achevant 84 appartements et quatre maisons, Pierre Motte, son responsable en Picardie, guette un site possible. « Comment trouver un équilibre entre tourisme et habitat permanent, quels équipements créer, comment favoriser la synergie entre les deux types de besoins ? », demande Stéphane Haussoulier, maire de Saint-Valery. Tous les bailleurs sociaux sont sollicités : Opsom, Opac 62, SIP, qui livre deux opérations à Cayeux, mais n’a plus rien en vue, l’ODA d’Abbeville bâtit 21 pavillons H&E (habitat et environnement) à Fort-Mahon. Une production très insuffisante pour répondre à la demande. Et les nombreux changements dans les mairies en mars dernier ralentissent le lancement des opérations...
