La France construit-elle trop de logements ? Pour le Trésor, la réponse est oui. Notre pays de 67 millions d’habitants a besoin de 200 000 à 300 000 nouvelles unités chaque année… Et pas environ 400 000, soit peu ou prou le nombre de logements moyen mis en construction chaque année entre 2011 et 2021, avait expliqué Agnès Benassy-Quere, son économiste en chef, au lancement du Conseil national de la refondation (CNR) dédié au Logement en novembre 2022.
Dans l’un des quatre scénarios prospectifs pour atteindre la neutralité carbone, l’Ademe fait encore plus fort ! Dans le cadre de son étude « Transitions 2050, choisir maintenant – agir pour le climat », le plan qui chamboule le plus la construction neuve prévoit de réduire d’environ 60 % la construction neuve, pour la ramener chaque année aux environs de 150 000 unités par an d’ici à 2050. Dont les deux-tiers en collectif.
Fin de l'objectif 500 000 ?
Déprimés après une année 2022 décevante, en particulier en termes de réservations, les promoteurs immobiliers se lancent également dans l’exercice et comptent leurs petits. Lors de son point de conjoncture annuel dévoilé le 9 mars dernier, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) donne un nombre très précis : 449 298.
La FPI entre même dans le détail : 152 283 logements sont à créer chaque année pour pallier le phénomène de décohabitation, c’est-à-dire la diminution du nombre de personnes par ménage liée aux divorces notamment. 83 750 unités sont à lancer pour combler le manque d’habitations liées aux logements laissés vides. Et 50 000 pour les habitations qui se vident faute de rénovation. Satisfaire les déménagements de foyers, du nord vers le sud et inversement, suppose la création de 70 909 habitations. Le report de la demande concernerait 64 550 unités. Et la croissance démographique, de seulement 0,3% par an depuis 2020 selon l’Insee : 25 806 constructions.
L’Institut Thomas More est moins gourmand que les promoteurs immobiliers en avançant le nombre de 395 000 logements nouveaux chaque année. « Si les pouvoirs publics maintenaient un seuil bas de production (comme certaines forces politiques le réclament) vers 200 000 logements par an, il manquerait 1,5 millions de logements » en 2030, alerte toutefois le laboratoire d’idées libérales, le 10 mars.
Pendant la campagne présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy et François Hollande tablaient sur 500 000 logements par an. L’objectif n’a jamais été atteint, ni sous le président socialiste ni sous son successeur. L’an passé, Emmanuel Macron n’a pas repris dans son programme les chiffres du rapport Rebsamen remis en 2021 au gouvernement de Jean Castex, qui évoquait un rythme annuel de 400 000 à 500 000 unités « faute de quoi se prépare une crise majeure de l’offre ». Nous y sommes.