Marseille : le Vieux-Port redevient agora

Dans le cadre du programme de requalification des espaces publics du centre-ville, le Vieux-Port de Marseille s'est refait une jeunesse : la réduction du trafic automobile et le réaménagement des quais redonnent au site sa morphologie « de grande calanque originelle ».

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Conçue à l’ancienne, la chaussée voûtée est recouverte de pavés de granit posés sur un lit de sable et calepinés en arceaux.

Exit les embouteillages, barrières et stationnement sauvage : métamorphosé, le nouveau Vieux-Port de Marseille se dévoile dans sa globalité, tel un lever de rideau sur un paysage réunifié. Cette reconquête d'un site portuaire mythique s'inscrit au cœur d'une vaste recomposition urbaine et paysagère du centre-ville. Elle s'étend de l'hypercentre actuellement en chantier (réaménagement des boulevards et création d'espaces verts) jusqu'à la plage des Catalans, en une suite de jardins et de cheminements (future Chaîne des parcs). Entre les deux, le Vieux-Port fédérateur. Transformé en plateau minéral de ton clair, il a retrouvé son caractère de « grande calanque originelle autour de laquelle la cité phocéenne s'était installée », explique le paysagiste Michel Desvigne, mandataire du groupement qui rassemble l'architecte Norman Foster, les urbanistes de l'agence Tangram, le bureau d'études Ingerop et le plasticien Yann Kersalé.

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Pour Michel Desvigne, le plateau minéral reflète la rudesse du Vieux-Port. © MDP

« Marseille est une ville qui a tellement confiance en sa vitalité qu'une proposition comme la nôtre, qui n'est rien d'autre qu'un immense sol, c'est-à-dire un vide au milieu d'un paysage structurant, a été bien plus facilement acceptée qu'elle ne l'aurait été ailleurs », témoigne Michel Desvigne. Comme premier préalable à ce vide, qui répond à l'objectif de réduire de 50 % le trafic, le nombre de voies de circulation passe de neuf à quatre, deux pour les bus, deux pour les voitures. Depuis les façades des immeubles jusqu'au bord de l'eau, l'unité du quai est assurée par un revêtement continu en granit espagnol. Seul le calepinage diffère : en arceaux sur la chaussée (construite à l'ancienne sur lit de sable), linéaire sur les parties piétonnes. Deuxième préalable à la création du vide, le déplacement des sociétés nautiques qui occupaient une grande partie des quais avec leurs cabanes, grues et outils de carénage. Chargé de l'aménagement du plan d'eau, Tangram les reloge sur des plates-formes flottantes en béton, séparées du quai par des pontons. Elles comportent chacune une aire technique pour l'entretien des bateaux et un cabanon à ossature bois et remplissage en planches de chêne brut. Norman Foster a conçu le module comme un objet utilitaire qui préserve l'atmosphère de travail du port : opacité de la façade sur quai, afin de privilégier la vue sur le plateau technique, et ouverture de la grande pièce à vivre sur le paysage maritime. Troisième préalable au vide, faire disparaître toute la technique, mission complexe assurée par Ingerop. Face à la mer, au débouché de la Canebière, le quai de la Fraternité est devenu une nouvelle agora, ponctuée par les hauts mâts d'éclairage de Yann Kersalé. L'ombrière est le point de rassemblement de l'agora. Conçu par Norman Foster, cet auvent monumental en métal (référence aux installations artistiques d'Anish Kapoor), d'une finesse telle qu'il disparaît dès qu'on s'en éloigne, flotte à 6 m du sol, posé sur huit poteaux. Dans le miroir que forme sa sous-face en Inox poli, se condense la viedu port : reflets de l'eau, des bateaux, de la file d'attente pour le ferry, des passants, des étals de poissonniers Au terme du chantier de requalification des espaces publics du centre-ville (dont la seconde tranche du port jusqu'aux forts Saint-Jean et Saint-Nicolas), plus une voiture ne circulera sur le quai de la Fraternité. Dans ce silence, peut-être entendra-t-on alors les commentaires imaginaires des plus célèbres habitants du port - ceux de la trilogie de Marcel Pagnol - sur la métamorphose de leur Vieux-Port.

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Les sociétés nautiques ont été déplacées sur des plateformes flottantes en béton. Chacune comporte un cabanon à ossature bois remplie de planches de chêne brut. © MDP

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L’ombrière, conçue par Norman Foster, est habillée de 150 panneaux en inox poli qui forment un miroir de 50 x 20 m. © Edmund Sumner/View/Artur Images

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