Si l’on pouvait légitimement envisager une sortie de crise pour le secteur de l’immobilier il y a encore quelques mois, les dernières annonces du Premier ministre François Bayrou ont douché l’optimisme ambiant. L’éventuelle adoption du projet de loi finances (PLF) 2026 et du plan massif d’économies qui atteindraient 43,8 milliards d’euros, générerait en effet un climat d’austérité que les acteurs du BTP anticipent d’ores et déjà.
Juin, la chute
Bien que les rythmes de repli de l’activité matériaux se modèrent, le mois de juin aura été celui de toutes les désillusions après huit derniers mois plutôt encourageants. La production de granulats (selon des données encore provisoires, ndlr) aurait reculé de 2,6 % sur un an en juin, et ce en dépit d’une stabilisation par rapport au mois précédent. L’activité du béton prêt à l’emploi (BPE) s’est, quant à elle, contractée de 4,5 % entre mai et juin, et de 9,1 % sur douze mois.
Concernant le bilan trimestriel, la production de granulats s’est repliée de 5,7 % entre le premier et le second trimestre, et de 1,3 % entre les T2 2024 et 2025 ; à titre de comparaison, cette même production avait connu une hausse de 3 % entre les T1 2024 et 2025. Pour le BPE, le décrochage entre les deux premiers trimestres de l’année est de 3,1 %. Au T2, la baisse enregistrée est de 4,7 % sur un an.
Redressement des carnets de commandes
Autre élément important : le décalage existant entre les permis de construire déposés puis acceptés, et les mises en chantier. L’Unicem s’appuie sur l’enquête mensuelle de l’Insee menée après des professionnels du bâtiment, et qui relève que « le jugement sur les carnets de commandes continue de se redresser, de même que la tendance prévue des effectifs qui reste au-dessus de sa moyenne de long terme ».
De mars à mai, les autorisations de mises en chantier auraient augmenté de 22,4 % sur un an, et de +11,8 % par rapport aux trois mois précédents. Du côté des permis déposés, la dynamique s’accélère depuis le début de l’année : la hausse atteint 12,7 % sur les cinq premiers mois, tandis qu’au T1, la hausse enregistrée a été de 4,6 % sur un an.
Des tendances qui contrastent avec les derniers chiffres de mises en chantier effectives qui, pour mars-avril-mai, auraient plongé de 11,7 % en comparaison des trois mois précédents (-3,3 % sur un an).
Risques de freinage
L’Unicem invite à rester vigilant concernant l’attitude des ménages dans les prochains mois. « Dans un contexte politico-économique agité, les craintes sur le pouvoir d’achat et le chômage pourraient rendre les acheteurs plus frileux, ce d’autant que les conditions de crédit vont cesser de s’améliorer », est-il précisé dans la note. Une rétractation de la primo-accession aurait un effet notable sur l’activité du neuf et, par extension, sur les fabricants et marchands de matériaux.
Point positif : les travaux publics semblent faire preuve de résilience, avec une activité qui a crû de 2 % entre janvier et mai. Néanmoins, « si le niveau actuel des carnets semble assurer des chantiers pour les prochains mois, la FNTP pointe le risque d’un freinage de l’activité fin 2025-début 2026, en lien avec une baisse des prises de commandes que la fin du cycle électoral et les restrictions budgétaires vont accélérer ».
Au regard de l’ensemble de ces éléments, l’Unicem revoit à la baisse ses volumes d’activité pour le second semestre, qu’elle établit dans une fourchette de repli comprise entre -4 et -6 % pour le BPE, et entre 0 et -2 % pour les granulats.