Matériaux : le Grand Paris Express, gisement colossal de béton bas carbone ?

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L’IMT Nord-Europe a expérimenté la fabrication de béton bas carbone à partir d’argile des terres excavées de la ligne 18 du Grand Paris Express (ici Mouhamadou Amar, enseignant-chercheur).

Quarante-sept millions de tonnes. C'est, selon la Société du Grand Paris (SGP), le poids global de déblais estimé de l'ensemble des travaux du Grand Paris Express, commencés en 2015. Le maître d'ouvrage entend valoriser 70 % de ces matériaux avec l'ambition, à terme, de réduire d'un quart la quantité de CO2 émise durant ce chantier titanesque.

Pour relever le défi, la SGP s'est associée à l'école d'ingénieurs IMT Nord Europe et au spécialiste de l'économie circulaire Neo-Eco, tous deux basés dans le Nord. Ensemble, ils ont lancé en 2020 une expérimentation sur la valorisation de l'argile à meulière située sur la ligne 18 du Grand Paris Express. En remplaçant une partie du ciment par des terres excavées, et en utilisant la flash calcination comme méthode de cuisson, les chercheurs de l'IMT Nord Europe sont parvenus à formuler un béton bas carbone.

Cuisson vertueuse. Les tests environnementaux, de résistance et de durabilité menés par Neo-Eco certifient que ce nouveau matériau est tout aussi performant qu'un béton classique, et jusqu'à 40 % moins émissif en CO2. Le tout, pour un coût de production sensiblement identique. Le gain environnemental et économique se trouve également dans son processus de fabrication. En effet, la flash calcination émet jusqu'à 80 % de carbone en moins qu'une cuisson de béton traditionnelle. Grâce à une température divisée par deux (750 °C) et un temps de cuisson de quelques secondes, contre plusieurs heures habituellement. « Pour les industriels, c'est une économie d'énergie importante », souligne Mouhamadou Amar, enseignant-chercheur au sein de l'école nordiste.

Pour l'heure, seule l'argile à meulière de la ligne 18 a prouvé son efficacité avec la flash calcination. La SGP évalue son volume à 180 000 m3 , soit près de 300 000 tonnes utilisables dès cet été. « Notre ambition est que notre expérimentation infuse et devienne réalité chez les cimentiers. C'est pourquoi nous avons publié les résultats en open data », confie John Tanguy, le directeur de la stratégie de la SGP.

Et de poursuivre : « On espère que des entreprises commenceront le traitement des terres excavées dès le second semestre. Les procédures sont en cours. » Le maître d'ouvrage a financé son expérimentation à hauteur de 200 000 euros, investissement auquel s'ajoutent 100 000 euros de subvention de la part de l'Ademe.

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