Destiné à accueillir des enfants en grandes difficultés familiales - et donc retirés de leurs foyers -, l'établissement régional d'enseignement adapté (EREA) de Châteauroux, construit dans les années 60, était réalisé en structure métallique floquée avec de l'amiante. Le conseil régional a donc décidé d'engager une opération tiroir, la première étape prévoyant la reconstruction de l'internat de 125 lits, le transfert-déménagement devant intervenir vers Noël avec, dans la foulée, la démolition de l'ancien bâtiment.
En attendant, le neuf et l'ancien doivent cohabiter dans un espace extrêmement réduit, rendant le chantier difficile, et cela d'autant que la conception architecturale n'est pas faite pour simplifier l'exécution. Afin de donner des repères à ces jeunes en difficulté, l'architecture repose sur la création de cinq modules d'hébergement, tous différents les uns des autres, réunis par un jardin intérieur.
Notices techniques pour les compagnons
Dans ce genre d'établissement, l'architecture doit en effet contribuer à agir sur le comportement des jeunes et sur leur « perception par la différenciation des volumes, le dynamisme des formes et la succession graduelle des espaces ».
L'autre difficulté fut l'intégration du bois en charpente ou en bardage. Ce matériau est en effet préconisé par le conseil régional dans les chantiers de lycées neufs ou en réhabilitation. L'étroitesse du terrain, la proximité de maisons d'habitation, la conception unitaire des modules ont, en fait, conduit à des études techniques préalables très poussées, le chantier n'étant plus, en grande partie, qu'un site d'assemblage. Il était d'ailleurs impossible d'accueillir de grandes équipes d'ouvriers.
Tout reposant sur des courbes, contre-courbes ou frises compliquées, les charpentes et menuiseries intérieures ont donc été conçues au millimètre près dans les ateliers, puis assemblées, tel un puzzle ou un Meccano, par des équipes réduites de compagnons. Chaque module de R + 1 reprend le même principe : un rez-de-chaussée en béton pour accueillir les activités de vie collective, un étage dortoir uniquement en bois.
Posées sur du béton brut, les chambres sont entièrement en bois avec bardage de pin protégé par un film d'étanchéité et une couche de laine de verre de 150 mm, elle-même obtenue par une plaque d'aggloméré. Comme pour la charpente, le béton des modules et l'escalier central ont fait l'objet d'une préfabrication.
Une fois la structure béton installée, charpentiers et menuisiers peuvent débuter leur assemblage. Cette préparation est minutieuse et précise. Les compagnons disposent pour l'exécuter d'une « notice technique » de mise en oeuvre, assurant une pose conforme aux exigences. D'apparence très difficile, le chantier de cet établissement scolaire gagne ainsi en efficacité et en qualité d'exécution.
FICHE TECHNIQUE
Maître d'ouvrage : conseil régional du Centre.
Maître d'ouvrage délégué : Opac de l'Indre.
Maître d'oeuvre : Bodin architectes.
Gros oeuvre : Boutillet.
Charpente bois : Rousseau.
Bardage bois : Debuschère.
Etanchéité : Smac Acieroid.
Contrôle technique : Apave Châteauroux.
Coût : 25 MF HT avec 9 logements de fonction.
Travaux : juin 97-décembre 98.
PHOTOS :
Préconisé par le conseil régional du Centre, le bois est utilisé en charpente et en bardage dans les construction et réhabilitation des lycées.
Les cinq modules R+1 sont conçus avec un rez-de-chaussée béton et un étage bois.
Les parois périphériques sont constituées d'un aggloméré, une isolation protégée par film étanche, et un bardage de pin.
