Chez Sori, nous aimons les moutons à cinq pattes et nous nous sommes donné les moyens de mener de tels projets grâce à un bureau d'études interne, des outils de production performants et un stock suffisant, déclare Jean-Louis Sori, qui a dirigé la PME familiale pendant cinquante ans, à la suite de son père, menuisier- serrurier. Un état d'esprit et un bagage technique qui ont joué en sa faveur pour se voir confier la fabrication et la pose des menuiseries extérieures du stade nautique du Roucas-Blanc, à Marseille (Bouches-du-Rhône), cadre des épreuves de voile des JO en juillet 2024.
Forte de soixante ans d'expérience, notamment dans la pose de vitrages de grande dimension, la PME de Marignane répond aux demandes d'architectes, de bureaux d'études et de maîtres d'ouvrage publics et privés les plus exigeants. Reste que, si la modestie prévaut, ses équipes ont tout de même de quoi être fières. « Participer à un chantier olympique est valorisant pour nous tous et conforte notre image de marque auprès des donneurs d'ordres et des fournisseurs », confirme Caroline Sori, directrice générale, qui vient de reprendre les rênes de l'entreprise avec son frère Olivier, président. Pour preuve, lors de la manifestation organisée en octobre dernier à Paris avec ses partenaires, l'industriel Schüco a mis en avant Sori, seul provincial parmi ses clients à participer aux travaux des JO.
Sur le stade nautique, la PME intervient sur les six bâtiments organisés autour de la baie. A ce jour, ses collaborateurs ont fabriqué, puis posé les murs-rideaux de grande hauteur du bâtiment d'accueil, ainsi que les vitrages et châssis de trois des autres constructions. Ils sont de retour sur le chantier depuis le 1er août, à l'issue du test event, répétition générale des épreuves olympiques qui s'est tenue début juillet.
Savoir-faire technique et force de frappe. « La Solidéo - la Société de livraison des ouvrages olympiques - a imposé un quota de PME, témoigne Nicolas Chicouras, directeur de projet chez Travaux du Midi (Vinci Construction), mandataire du groupement titulaire du marché de conception-réalisation de la marina olympique. Il nous a fallu trouver des partenaires capables de nous épauler dans le contexte de l'après-Covid et de la guerre en Ukraine. Plusieurs critères ont guidé notre choix de Sori et des autres sous-traitants : le respect du planning, leur utilisation de matériaux biosourcés, ainsi que leur capacité à intégrer des personnes issues de l'insertion ». Ont joué aussi le savoir-faire technique et la force de frappe des entreprises locales pour un début de chantier en janvier 2022.
Pour s'assurer du respect des cadences, Nicolas Chicouras s'est attardé sur l'atelier et les outils de production. La réactivité de Sori grâce à la logistique mise en place pour le chantier et son atelier de 1 500 m2 , équipé d'une sertisseuse à quatre têtes, de deux centres d'usinage et d'un pont roulant, ont convaincu.
Maîtrisant toute la chaîne de production, du dessin à la pose, la PME sait innover. Pour la partie haute du bâtiment 3 qui sert de hangar à bateaux, elle a ainsi mis en œuvre pour la première fois des panneaux alvéolaires en polycarbonate. Découpés sur mesure dans l'atelier, ceux-ci ont été fixés verticalement tous les 90 cm sur des supports en acier galvanisé. Et conformément aux exigences de la Solidéo et de Travaux du Midi, Sori met en œuvre des profilés en aluminium en partie recyclé fournis par Schüco. « Cette orientation prise depuis longtemps va de pair avec la démarche de trier les chutes des matériaux que nous apportons chez des réparateurs de métaux », indique Jean-Louis Sori.
Compte tenu de l'emplacement de la base nautique, la PME a également pré-anodisé, avant leur laquage, les profilés pour les protéger de la corrosion. Cette maîtrise d'un chantier réalisé en bord de mer a été un autre point en faveur de Sori.
