A la SNCF, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Le 24 septembre, soixante-douze heures après l'annonce de l’abandon du projet de rénovation de la gare du Nord, l’entreprise a inauguré la « nouvelle » gare Montparnasse, en présence notamment de Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports, et d’Afaf Gabelotaud, adjointe à la maire de Paris en charge des entreprises, de l’emploi et du développement économique.
Ouverte en 1969, Paris-Montparnasse n’avait fait l’objet jusqu’alors que d’une seule rénovation d’ampleur, en 1989, pour l’accueil des TGV Atlantique, avec la création de la porte Océane en forme d’arche imaginée par Jean-Marie Duthilleul. Ce nouveau projet de transformation, mené en partenariat avec Altarea, a visé trois objectifs, comme l’a rappelé Marlène Dolveck, directrice générale de SNCF Gares & Connexions : « rendre la gare plus lumineuse, mieux adaptée aux flux des voyageurs et, enfin, intégrant davantage de services ».
Rénovation de la verrière du hall Vasarely
Pour apporter plus de lumière, les murs en béton qui ceinturaient la gare ont été remplacés par des parois vitrées de 3,80 m de hauteur, tout le long de la façade, depuis la rue du Commandant-René-Mouchotte jusqu’au boulevard Vaugirard. La verrière du hall Vasarely a été rénovée. « Nous avons choisi de conserver la structure existante plutôt que de la démolir et de la reconstruire, a décrit Amaury Lombard, directeur du projet Montparnasse à SNCF Gares & Connexions. Nous avons simplement repeint les grandes poutres en béton, qui sont passées du gris au blanc, et substitué aux verrières en plastique existantes, jaunies par le temps, des coussins en ETFE qui présentent l’avantage d’être extrêmement légers. En effet, les poutres historiques n’auraient pas supporté des verrières en verre. »
Pose d’une passerelle en verre
Toujours dans le hall Vasarely, l’ancienne passerelle en béton, qui relie cet espace au quai transversal, a cédé la place à un ouvrage en structure métallique habillé de 130 panneaux de verre, ceux-ci assurant la diffusion de la lumière dans les niveaux inférieurs de la gare.
Conçue par Arep, l’agence Jouin Manku avec Hugh Dutton & associés et fabriquée par l’entreprise Gagne, la passerelle se compose de quatre tronçons d’une vingtaine de mètres de long et de 2 à 5 mètres de large, le plus lourd pesant 17,2 tonnes. « Sa pose a constitué un énorme défi technique car les travaux ont dû être effectués de nuit, pendant quelques heures seulement, entre le passage du dernier train et la réouverture de la gare à 5 heures du matin », a rappelé Amaury Lombard.
Restauration des fresques de Vasarely
Pour fluidifier les cheminements des voyageurs (61 millions par an auxquels s’ajoutent 16 millions de visiteurs), 15 nouveaux escalators et deux ascenseurs panoramiques ont été installés. Ces travaux se sont accompagnés de la pose de 102 écrans d’information, de la création de 15 espaces d’attente qui offrent désormais 1 200 places assises (600 dans les espaces publics, 600 sur les terrasses des restaurants), du doublement du nombre de luminaires ou encore de l’amélioration du confort thermique et acoustique.
Le troisième volet du projet a porté sur l’enrichissement de la programmation commerciale avec désormais 120 boutiques, restaurants et services qui se développent sur 19 000 m2 contre 6 000 m2 auparavant. Cette offre nouvelle inclut notamment, à la demande de la mairie du XVe arrondissement, l’aménagement d’un espace médical de 500 m2 qui devrait accueillir une trentaine de praticiens.
Enfin, la touche finale à la métamorphose de la gare Montparnasse a résidé dans la restauration des fresques de Victor Vasarely, inaugurées en 1971, l’une aux couleurs froides, l’autre aux couleurs chaudes.
Aucun mètre carré supplémentaire créé
« Ce chantier s’est déroulé dans un espace très contraint. Montparnasse est la seule gare située au sein d’une copropriété, surmontée d’un immeuble de bureaux, avec des habitations à proximité immédiate et donc sans aucune possibilité d’extension. Avec les architectes, nous avons cherché à optimiser le volume existant sans créer un seul mètre carré supplémentaire », a commenté Amaury Lombard.
Réalisés par Dumez Ile-de-France (mandataire), les travaux se sont déroulés en trois phases, sur une période de quatre ans et demi. « Ils se sont élevés à 150 millions d’euros. Nous en avons financé les deux tiers et, dans le cadre du contrat de concession, nous verserons à Gares & Connexions a minima 340 millions d’euros de redevance pour l’exploitation des commerces pendant 30 ans », a conclu Ludovic Castillo, président du directoire d’Altarea Commerce.
Les principaux intervenants
Maîtrise d’ouvrage : SNCF Gares & Connexions (espaces publics), Altarea Commerce (commerces)
Maîtrise d’œuvre : Arep, agence Jouin Manku, SLA Architecture, Jacobs France remplacé par Builders & Partners en septembre 2019 ; avec Hugh Dutton & associés - HDA (conception de la passerelle).
Entreprise : Dumez Ile-de-France (mandataire), SMB, Engie Axima et Engie Ineo ; Gagne (sous-traitant passerelle)
Coût des travaux : 150 millions d’euros dont 100 millions d’euros pour les espaces publics et 50 millions d’euros pour les commerces, financés par SNCF Gares & Connexions à hauteur de 50 millions d’euros et par Altarea Commerce à hauteur de 100 millions d’euros.