Métamorphose d’un restaurant parisien : Jessica Mille s’inspire du Shinkansen pour repenser l’espace

A Paris, dans la très chic rue du Bac, l'architecte Jessica Mille a repensé un restaurant japonais à la manière d'une voiture de Shinkansen.

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Le comptoir d'accueil propose de la restauration à emporter.

Un matsuri désigne, au Japon, une fête traditionnelle, généralement joyeuse, bruyante et copieusement arrosée, destinée à remercier ou célébrer les innombrables divinités qui peuplent le culte shinto : les kamis. C'est aussi le nom d'une chaîne de 12 restaurants, créée en 1986 par un couple franco-japonais, qui inaugurait alors dans l'Hexagone le concept de comptoir tournant en libre-service, où les assiettes de sushis défilent sur un tapis roulant en une lente procession perpétuelle devant les convives : le kaiten.

L'établissement de la rue du Bac (Paris VIIe) était jusque-là installé dans un boyau rectangulaire que l'agence de l'architecte parisienne Jessica Mille a été chargée de repenser au terme d'une consultation restreinte par la maîtrise d'ouvrage.

« Il fallait insuffler au lieu une nouvelle identité, une nouvelle histoire pour y faire venir une clientèle plus jeune », explique la conceptrice. Ce sera autour du Japon, bien évidemment, mais non pas celui, compassé et raffiné à l'extrême, de l'ikebana et de la cérémonie du thé, tels que Kyoto, l'ancienne capitale impériale, les a figés dans la tradition ; mais bien plutôt celui de Tokyo et, en particulier, du quartier exubérant et coloré de Harajuku, haut lieu de la mode et de la pop culture, prisé des créatifs de toutes obédiences.

Se glisser dans l'existant

Devant la façade du restaurant, les portes coulissantes automatiques s'effacent en un chuintement, la rumeur de la rue s'estompe, l'atmosphère est posée, le voyage peut commencer… L'espace remodelé, tout en courbes vintage, évoque le fuselage du Shinkansen, le train à grande vitesse iconique de l'archipel. « La morphologie étirée en longueur du local se prêtait parfaitement à cette analogie », note l'architecte. Le projet est ainsi venu se glisser dans l'existant, autour du kaiten, segmenté et reconfiguré avec, à sa proue, côté rue du Bac, un comptoir invitant à une halte rapide pour un matcha ou de la vente à emporter.

Au terme d'un mois de chantier « en mode commando », murs et plafonds ont été rhabillés de modules et caissons préfabriqués en atelier, puis laqués en cabine pour un résultat particulièrement brillant, avant d'être assemblés sur site. Ils occultent les indispensables fluides et autres gaines du circuit de climatisation. Aux parois, dépourvues de fenêtres, des miroirs illuminés par des bandeaux de leds, évoquent les hublots du train et démultiplient l'espace dans un saisissant effet de fluidité et de profondeur. « Je voulais offrir une expérience immersive, entre passé imaginaire et futur fantasmé, dans un décor à la “Blade Runner” », décrit encore Jessica Mille.

Palette chromatique réduite

Le cahier des charges de Matsuri repose sur une palette chromatique réduite, composée de jaune crème, de bleu et de rose pâles, tonalités qui se retrouvent sur les murs, sur les assises, et infusent une douceur qui contraste avec les touches acidulées empruntées aux mangas. L'acier Inox habille le kaiten tandis que, çà et là, des affiches pop rétrofuturistes complètent le tableau.

Côté fonctionnel, la cuisine principale, non concernée par le projet, se situe à l'étage, reliée à la cuisine d'assemblage du rez-de-chaussée par un escalier et un monte-plat. L'univers graphique et architectural de Jessica Mille a, de toute évidence, séduit ses commanditaires : deux autres restaurants seront bientôt livrés, autour de narratifs « complètement différents » assure-t-elle, qu'il serait malséant de dévoiler ici…

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Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : Matsuri.

Maîtrise d'œuvre : Jessica Mille Architecte.

Entreprises : Globex (second œuvre), TP Menuiserie (menuiserie).

Surface : 120 m² SP.

Montant des travaux : 350 000 euros HT.

Cet article fait partie du dossier "Les palais du palais" de notre série de l'été "Miam".

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Date de réponse 16/10/2025