Vous publiez un plaidoyer en faveur d'un nouveau modèle pour la construction de logements. Pourquoi ?
Nous faisons le constat que le modèle actuel de la fabrique du logement est épuisé. L'offre historiquement bâtie dès 1968 sur le modèle vertueux de la Vefa a muté progressivement vers le système sous perfusion de la défiscalisation.
Cela a entraîné une bipolarisation de l'offre constituée d'une part par le logement dit « investisseur » qui représentait près de 60 % du marché avant la crise, et d'autre part par le logement social. Si en théorie, 70 % des Français sont éligibles au logement social, dans les faits les attributions sont loin de répondre aux besoins. Notamment dans une métropole comme Nantes qui, depuis plusieurs années, n'atteint pas la moitié de ses objectifs de production. Les grands oubliés sont les Français qui ne rentrent pas dans ces deux cas de figure que l'on nomme de manière peu élégante les « classes moyennes ». Les offres de logements en accession abordables auxquelles elles pourraient prétendre sont insuffisantes. Cela constitue une situation socialement dramatique. Or, l'inadaptation actuelle de l'offre à la demande trouve ses racines dans un modèle économique du logement perverti par de nombreux facteurs : complexification des réglementations, surcharge de prestations parfois inutiles, augmentation des coûts de travaux.
Que préconisez-vous ?
Pour y faire face, nous devons donc changer de modèle et nous intéresser d'abord aux leviers économiques. Cela nécessite d'imaginer une nouvelle répartition de la valeur créée devenue inéquitable entre tous les acteurs du logement, d'inventer des nouveaux modèles de propriété adaptés comme, par exemple, le recours à l'emphytéose privée, et de placer la simplification et l'efficacité au cœur de l'acte de construire. Au risque de choquer au regard du drame que vit la filière logement, notre message est éminemment positif. Un changement profond se profile car une demande forte et massive est présente.
En quoi consiste le modèle que vous proposez ?
Nous défendons l'idée que la fabrique du logement doit faire l'objet d'une démarche holistique qui se déploie sur quatre dimensions : sociale, environnementale et spatiale, économique, culturelle. Avec nos identités respectives, nous avons construit une méthodologie de travail intégrant des leviers d'action, des indicateurs de suivi et d'efficacité afin d'accompagner le couple maîtrise d'ouvrage-maîtrise d'œuvre avec méthode et attention. Elle permet par exemple de mieux rémunérer les acteurs clés comme les architectes et les entreprises pour leurs compétences et leurs idées…et de revoir les fondements des frais annexes, notamment les coûts liés à la commercialisation qui ont un impact très significatif. Nous avons d'ores et déjà engagé avec plusieurs maîtres d'ouvrage des actions opérationnelles qui portent leurs fruits.