En attendant son inauguration décalée pour cause de Covid puis d’élections, Narbo Via a accueilli ses premiers visiteurs le 19 mai.
A l’entrée sud-est de Narbonne, le long du canal de la Robine, ce parallélépipède aux lignes pures est posé sur un podium de 2 ha, surélevé par 246 pieux hydrauliques, palliant d’éventuels débordements du canal.
L’horizontalité de ce dernier a influencé le design du bâtiment qui réinterprète, de façon moderne, l’amphithéâtre antique à ciel ouvert. Les débords de toiture, la présence de patios intérieurs et d’un vide technique rassemblant les réseaux tel un hypocauste sont inspirés des techniques de construction romaine et participent aux performances environnementales du bâti.
Exigence qualitative
Les murs porteurs ont, quant à eux, été réalisés en Sirewall, un béton à composition prescrite, utilisé pour la première fois en Europe.
« Au-delà de l’aspect esthétique, il fallait atteindre les niveaux de résistances demandées dans les normes françaises. Foster a investi dans la réalisation d’un véritable laboratoire d’essais » relate Jean Capia, architecte fondateur de l’agence éponyme, chargé de piloter les opérations.
« Nous avons dû rectifier la forme des strates, ondulée dans le procédé canadien, et que Foster a souhaité plus droite. Jusqu’à 70 ouvriers ont été mobilisés en 2x8 pendant toute la préparation du Sirewall pour pouvoir tenir les délais. Accompagnés par un prestataire dans le choix des teintes et des textures nécessaires aux reprises spécifiques, nous avons également formé des finisseurs » ajoute Olivier Bigot, directeur de travaux chez Sogea Sud Bâtiment, filiale de Vinci Construction France. « Le souci du détail et le haut niveau d’exigence de l’agence internationale Foster nous ont poussés à être encore plus qualitatifs et performants, à anticiper davantage. »

La structure est un tablier préfabriqué de 15 mètres de portée à partir de poutres en double «T» sur poutres primaires préfabriquées. La stratification des murs porteurs résulte des couches de béton mélangé à sec, damé et décoffré sur site. © Arnaud Spani/Narbo Via
Mur monumental
Autre difficulté majeure : la toiture, assemblage de matériaux préfabriqués et pesant de 20 à 50 tonnes chacun. Toute l’ossature du bâtiment repose sur ce puzzle de 700 pièces, composé de poutres, poutres secondaires, prédalles de plancher ainsi que d’une des plus grandes verrières d’Europe conçue par Velux.
Ses 150 modules de lucarnes éclairent d’une lumière naturelle la pièce maîtresse de Narbo Via : un mur monumental de 10 mètres de haut, sur 70 de large, inédit en architecture muséale.
« Alors que l’appel d’offres stipulait la création de réserves pour entreposer les 760 bas-reliefs antiques provenant de l’église Notre-Dame de Lamourguier, nous avons choisi de les exposer selon un principe de superposition. C’est ainsi qu’est née l’idée du mur lapidaire, colonne vertébrale du musée » précise Jean Capia. Au final, à travers une conception qui paraît simple mais s’appuie sur un luxe de détails, Narbo Via dégage une impression de puissance et d’intemporalité, propres à un espace muséal.

Réserve et support d’exposition, un mur monumental composé de 760 blocs de pierre antiques constitue l’épine dorsale du projet. © Sébastien Pouchard/Région Occitanie
Fiche technique
Maître d’œuvre : Région Occitanie ; Arac Occitanie, mandataire
Architecte : Foster+Partners
Architecte co-traitant : Jean Capia
Muséographe : Studio Adrien Gardère
Maîtrise d’œuvre : Oger International (technique et synthèse HQE) ; Foster+Partners ; Technisphère ; Urbalab ; Geogre Sexton Associates ; Peutz
OPC (enveloppe du bâtiment et aménagements muséographiques) : Arteba
Entreprises principales : Sogea Sud Bâtiment ; Bourdoncle ; Sirewall ; Velux ; Mecalux ; Goppion ; Arteba (OPC pour l'enveloppe du bâtiment et les aménagements muséographiques)
Superficie brute : 9 689 m2
Budget : 56,8 millions d’euros dont 30 millions d’euros pour les travaux