Neuf jeunes équipes d’architectes (sept françaises, une suisse et une japonaise) ont participé à cet atelier animé par Périphériques architectes. Chacune s’est vue confier un lot de 20 logements. "Elles ont été choisies en fonction de l’accord qu’il semblait possible de réussir entre elles et de leur envie de travailler avec d’autres", indique David Trottin, de l’agence Périphériques.
Forte ambiance végétale
"Le workshop nous a semblé une bonne idée car la configuration du site - une rue de 600 m de long - offrait la possibilité d’une vitrine de l’architecture, explique Véronique Barry Delongchamps, directrice de l’aménagement et du renouvellement urbain à l’Opac de Paris. De plus, la structure forte et cohérente du projet urbain de Michel Guthmann/Trévelo &Viger-Kohler nous permettait d’imaginer un ensemble d’architectures différentes". Aucune règle spécifique, autres que celles du PLU, n’a été fixée, en revanche, les équipes devaient développer l’esprit du projet. "Il s’agit de tirer parti de la forte ambiance végétale du site, explique Michel Guthmann en préservant des transparences entre la rue et le cimetière où se déploient de très beaux arbres. L’ambition était aussi de recréer de la complexité dans cette rue en proposant des densités et des gabarits différents, des façades et des séquences différenciées…". Pour l’Opac, le workshop était aussi l’occasion de réfléchir à de nouvelles configurations de logements tout en prenant en compte les demandes des habitants. "Lors de la concertation, il est apparu que des espaces extérieurs (terrasses, balcons, loggias…) seraient très appréciés", ajoute la directrice de l’aménagement et du renouvellement urbain.
Cages d’escalier en commun
Le workshop s’est déroulé en trois "rounds" de deux jours chacun, entre octobre 2006 et mars 2007. Une maquette du site à l’échelle 1/100e a permis de confronter les différents projets durant les différentes sessions (voir photos ci-contre). "Nous avons joué le rôle de chef d’orchestre car le maître d’ouvrage souhaitait obtenir un ensemble composé plutôt que juxtaposé. Il ne voulait pas une seule architecture mais des architectures coordonnées", commente David Trottin. Ce dernier se félicite donc que le workshop ait permis de concevoir des cages d’escaliers en commun, des jeux entre façades d’immeubles voisins…, le travail le plus approfondi de ce point de vue-là ayant été mené par les équipes Avignon/Clouet et atelier Provisoire. "Nous avons partagé notre parcelle avec atelier Provisoire, dont l’un des bâtiments s’inscrit entre nos deux plots et nous avons mutualisé les circulations et les terrasses", expliquent Benjamin Avignon et Saweta Clouet. Ils considèrent cependant que les "mélanges" entre équipes auraient pu être un peu plus poussés. "Nous avons tout fait pour échapper à la collection d’architectures mais on n’évite pas complètement ce travers".
Amélioration qualitative
Point très positif, en revanche, pour les jeunes architectes nantais: l’acceptation par le maître d’ouvrage de leur parti pris d’organisation des logements, "peu courant", reconnaissent-ils, avec une partie technique (cuisine, salle de bains) et une partie confort (salon, chambres). D’autres équipes comme Gricha Bourbouze et Cécile Graindorge ont, au contraire, opté pour des plans très simples. "Nous avons mis l’accent sur l’aspect HQE et l’enveloppe des bâtiments. Les logements seront dotés de grandes baies vitrées orientées plein sud et prolongés par des terrasses", précisent-ils.
L’Opac de Paris juge l’expérience globalement positive. Outre le fait d’avoir permis de faire travailler de jeunes équipes d’architectes, qui, pour certaines d’entre elles n’avaient jamais réalisé d’opération de logements, la méthode a apporté une notable amélioration qualitative, même si elle s’est révélée très consommatrice de temps.
Rencontres avec les architectes
Quant aux futurs locataires, ils semblent plutôt satisfaits pour l’instant. "Nous craignions un peu que les demandes se concentrent toutes sur le même bâtiment. Or, elles se répartissent entre tous les projets", souligne Véronique Barry Delongchamps. A l’automne, un questionnaire leur sera envoyé pour mieux cerner leurs besoins. Trois logements leur seront proposés et ils auront la possibilité de rencontrer les architectes concernés pour des explications complémentaires et/ou des demandes de modifications.
Les demandes de permis de construire devraient être déposées courant juillet. Périphériques architectes s’est vu confier une mission complémentaire pour accompagner le maître d’ouvrage pendant cette phase. Les travaux devraient démarrer à la mi-2008 pour une livraison en 2010.
Nathalie Moutarde
