Vous venez de réaliser une nouvelle levée de fonds de 13 millions d’euros. Qui sont vos nouveaux investisseurs ?
Nous conservons nos investisseurs historiques et nous avons rencontré deux nouveaux fonds : Dawn Capital, un fond britannique spécialisé dans l’internationalisation pour les jeunes pousses et Brick and Mortar Capital Venture, un fonds américain. Les premiers ont déjà investi 2 milliards de dollars depuis leur création en 2007 avec une stratégie claire qui nous a convaincue. Les seconds sont spécialisés dans la construction, ce qui nous a semblé très pertinent. Les 13 millions sont de l’equity pure et pas de la dette.
Cette levée va nous permettre d’accélérer notre développement et de conserver notre avance par rapport à d’autres applis de suivi de chantier.
A quoi va servir cet investissement ?
Notre stratégie se concentre sur deux aspects : d’une part le développement à l’international et d’autre part, la mise au point de nouvelles fonctionnalités.
Pour l’international, la priorité concerne d’abord nos voisins allemands, ainsi que le Royaume-Uni et l’Irlande. Nous avons doublé notre chiffre d’affaires chaque année et nous voulons maintenir ce rythme. Les effectifs devraient aussi passer de 34 à plus de 70 personnes.
Nous allons appliquer la même stratégie qu’en France actuellement. C’est-à-dire convaincre des PME sous-traitantes, et des entités locales de grands groupes de l’intérêt du suivi automatisé des chantiers grâce à la centralisation des échanges sur notre appli. Ensuite, une fois que les utilisateurs sont convaincus, ce sont eux qui deviennent nos meilleurs ambassadeurs.
En France, cette logique nous a permis de signer onze contrats cadres avec des sociétés comme Vinci Construction, NGE, la Sade, la Saur, Cise TP…
Quelles seront les nouvelles fonctionnalités de Kraaft ?
Elles concerneront les plannings, tout d’abord. Cette fonction ne concerne pas les majors qui disposent déjà de leurs propres outils d’organisation du chantier, mais cela répond à une demande des PME.
De même, nous allons développer les API, les interfaces de programmation applicative, afin d’améliorer encore l’interopérabilité de notre solution. Par exemple, une nouvelle API permettra de connecter automatiquement les rapports de fin de journée à un logiciel de suivi financier. Les utilisateurs pourront aussi récupérer toutes leurs photos de chantier pour réaliser ensuite des « Proofs of concept » (POC) et entrainer des algorithmes d’intelligence artificielle (IA).
Justement quels sont vos projets avec l’intelligence artificielle ?
Jusqu’ici de nombreuses fonctionnalités reposent sur une classification manuelle des éléments des conversations de chantier (photos, messages, formulaires…), encouragées auprès des conducteurs de travaux car cela génère des rapports propres. La prochaine étape est donc de réaliser automatiquement ce classement grâce aux algorithmes. Parmi les cas d’usages prévus, il y a les dossiers intelligents dont la première version est sortie cet été. Un constructeur de route pourra, par exemple, retrouver facilement toutes les photos sur le marquage/pistage avant l’ouverture de la voie. Les utilisateurs qui disposeront de ce module pourront entrainer un petit dossier qui reconnaîtra automatiquement les visuels de cette nature après en avoir analysé entre 10 et 20 au préalable.
Sur le même modèle, un dossier pourra reconnaître automatiquement toutes les photos prises du tableau du quart d’heure sécurité quotidien.
Enfin, l’IA servira au développement de formulaires intelligents : le logiciel pourra « lire » le contenu d’une image et remplir ensuite automatiquement un formulaire, par exemple pour reconnaître un bon de livraison avec les quantités livrés, la date, etc. Plusieurs autres développements sont aussi prévu avec de la voix, en particulier.