Vous avez créé Contech France en août dernier. Quelles sont vos ambitions ?
La première chose à souligner est que nous n’avons pas d’objectif commercial, puisque nous sommes une association loi 1901. Notre priorité est de fédérer et d’accompagner les start-ups de la Construction Tech française. A court terme, il s’agit d’offrir des lieux d’échanges conviviaux et informels où les start-ups, souvent isolées, peuvent partager leurs problématiques et leurs questionnements.
A moyen terme, nous voulons apporter de la visibilité à la ConTech française et susciter pour nos membres des opportunités d’investissements. C’est aussi pour cela que nous voulons agréger l’ensemble des acteurs avec, bien sûr, des jeunes entreprises et des investisseurs, mais aussi les majors du secteurs, des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et des PME.
Quels sont vos objectifs à plus long terme ?
Dès la mi-2025, nous allons défendre nos positions auprès des pouvoirs publics. Nous porterons le message des start-ups française de la Construction tech pour demander davantage de réglementation afin de faire avancer sérieusement la transition environnementale. Sans injonction réglementaire, aucun secteur ne progresse. Par ailleurs, la Directive CSRD relative à la publication d’informations sur la durabilité des entreprises, se traduit déjà par des obligations à remplir. Mieux vaut accompagner ce mouvement, plutôt que de le subir.
Nous voulons ainsi contribuer à un BTP français et européen compétitif grâce à l’innovation et à l’intérêt général en décarbonant ce secteur fortement émissif.
Qui sont vos premiers membres et combien sont-ils ?
Côté start-ups, des sociétés comme MyBen, Optimiz Construction ou Synaxe, qui édite le podcast « Les bâtisseurs » font partie de nos membres. Les fondateurs de Hiboo qui connectent les engins de chantier, comme ceux d’Altaroad, qui utilise l’intelligence artificielle pour gérer les flux de déchets et de matériaux sur les chantiers, font partie des premiers adhérents.
Parmi nos sponsors, nous comptons Bouygues Construction, le groupe Vinci via la plateforme Leonard et nous sommes en discussion avec Eiffage, Fayat et NGE en ce moment. Côté fonds d’investissements, nous pouvons nous appuyer sur Brick & Mortar Ventures, Isai ou Nova de Saint-Gobain et Inskip Entrepreneurs côté cabinet de conseil.
Actuellement, nous comptons une cinquantaine de start-ups et une dizaine de fonds d’investissement. L’ambition est de réunir une centaine de start-ups adhérentes sur un secteur qui en compte environ 300.
Comment fonctionnez-vous ?
Nous sommes une petite équipe de six bénévoles, avec un bureau que je préside avec Cécile Villette d’Altaroad et Guillaume Richer qui a cofondé Rockease, start-up depuis vendue à Colas. Guillaume Bazouin (Brick & Mortar) y est à la fois bénévole de la première heure et responsable de l’écosystème des investisseurs en capital risques, tandis que Noémie Escaith (ex Bouygues Construction et fan de Construction Tech) nous aide à structurer l’association avec Eloïse Bouveret (directrice marketing de Cad.42).
Ensemble, nous organisons des groupes de travail dédiés aux start-ups où elles peuvent aborder en petit comité leurs problématiques spécifiques. Par exemple, comment se développer commercialement ? Comment structurer une équipe commerciale ou lever des fonds. D’autres groupes de travail seront dédiés aux investisseurs.
Comment vous situez-vous par rapport à des incubateurs comme Impulse Partners, Leonard ou Ville de demain ?
Contrairement à Impulse Partners, nous ne travaillons pas sur la stratégie des grands groupes en matière d’innovation. Et nous ne sommes pas liés au groupe Vinci, comme Leonard. Enfin, nous ciblons spécifiquement les innovations pour les chantiers, contrairement à Ville de demain dont le périmètre est beaucoup plus large.
Notre but est bien de permettre aux start-ups de grandir, de se rencontrer et de progresser. Elles ont besoin à la fois de fonds et de clients. Nous voulons être l’entité qui facilite cette évolution des start-ups et qui propose des lieux et des moments pour qu’elles se rencontrent. Nos membres peuvent ainsi identifier les enjeux et les tendances en terme de technologies mais aussi sur les secteurs qui investissent, par exemple.
Si nous sommes basés en France, Contech France vise bien à aider les jeunes pousses à se développer en France comme à l’international. Nous sommes donc liés à France Digital, où j’ai travaillé plusieurs années, au nouveau salon Contech Connect qui se tiendra à Paris en mai prochain et à Built World, société d’origine américaine très bien implantée aux Etats-Unis et qui se développe en France, en Asie et bientôt à Dubaï.
Quels sont vos liens avec Built World justement ?
Built World est un ancien réseau américain. Ils sont très présents aux Etats-Unis où ils fédèrent tout l’écosystème de la construction et de l’innovation. Ils y organisent une dizaine de rassemblement chaque année. Et depuis quelques années, ils se développent également à l’international avec des rencontres à Paris fin juin, organisées par leurs principaux partenaires, Bouygues, Vinci et Saint-Gobain. Paris devient leur tête de pont pour l’Europe et sur ce point, Contech France veut être très présent. Mon objectif est ainsi de faciliter le déploiement sur le continent des start-ups françaises.
Pour les jeunes pousses françaises qui veulent mettre un pied sur le marché américain, adhérer à Built World représente un investissement certes, mais ils facilitent réellement la mise en relation avec les bons clients sur les marchés qui les intéressent et donc les liens avec les investisseurs du secteur.