La commune d’Obernai (Bas-Rhin), 11 000 habitants, va voir sa population augmenter de plus de 11 %, après la construction des 530 logements du lotissement des Roselières. Une croissance qui pouvait poser problème pour une ville dont la station d’épuration des eaux était déjà proche de la saturation. La solution est apparue par la mise en place d’un réseau naturel d’écoulement et d’épuration des eaux pluviales dans un parc avant leur rejet dans un autre collecteur existant passant sous le site, celui de l’usine Kronenbourg voisine. « La présence de cette conduite souterraine, d’abord considérée comme une contrainte, est devenue une chance pour le projet, explique Yann Jovelet, directeur de l’aménagement et des équipements de la ville d’Obernai. Ce parti hydraulique et paysager a joué un rôle décisif dans le résultat du concours lancé en 2003 par la commune pour aménager les 21 hectares du lotissement, remporté par l’architecte Roland Spitz, les paysagistes de Axe Saône et les bureaux d’études Sinbio et Serue.
Percolation et infiltration lente garantissent la rétention
Depuis les parcelles, cinq voies est-ouest draineront les eaux pluviales en contrebas vers un parc de 2,5 hectares. « Offrant une vue directe sur les Vosges, ces liaisons sont pensées comme des cours urbaines. Elles ne comportent ni caniveaux, ni marquage au sol pour les voitures », souligne Ghislain Goba, paysagiste à Axe-Saône. Les limites entre les parcelles privatives et ces cours sont marquées par des bosquets et les fossés drainants. Ces derniers jouent le rôle de collecte et de prétraitement des eaux pluviales. En partie haute, un décanteur retient les gravillons et les sables, laissant passer l’eau vers les filtres constitués de roseaux.
« La percolation et l’infiltration lente garantissent la rétention des matières en suspension, des métaux lourds et des hydrocarbures », explique Grégoire Jost, chargé d’études chez Sinbio. La pluie biennale remplit ces noues pendant 48 heures. Au-delà, la surverse aboutit à un réservoir qui devient plan d’eau capable de stocker une pluie centennale.
Des promoteurs au diapason
La SEM municipale Obernai Habitat a commencé par montrer l’exemple avec 80 logements, lauréats de la consultation nationale « Villas urbaines durables », programmés en partenariat avec la SEM départementale Sibar. L’engagement de la collectivité dans la gestion écologique de l’eau a servi d’argument pour convaincre les trois lauréats de la compétition d’architectes et de promoteurs, sélectionnés fin 2007, d’aller au-delà de leurs standards environnemental et énergétique : dans le projet d’Alcys Résidences, un gros tiers de l’espace semi-privatif prolonge le parc ; dans le projet de Stradim, les pavés autodrainants se distinguent par une capacité de rétention égale à 70 % de leur volume et dans le projet Icade, les toitures végétalisées s’inscrivent dans la même logique.
Un lotissement au rôle fondateur
Pour les paysagistes d’Axe Saône, ce lotissement joue un rôle fondateur : « En intégrant l’eau, nous avons pu aller au-delà du simple aménagement de l’espace public », se réjouit Ghislain Goba. Pour le bureau d’étude Sinbio, il s’agit de prolonger une démarche déjà suivie à plus grande échelle, dans les jardins de la Seille du nouveau quartier de l’amphithéâtre à Metz.




