La réglementation acoustique du bâtiment est-elle aujourd'hui suffisamment étoffée ?
Depuis une vingtaine d'années, la plupart des bâtiments neufs doivent respecter la réglementation acoustique. Celle-ci a été l'une des premières réglementations performancielles dans l'univers de la construction. Elle a été étendue aux travaux lourds de rénovation sur les bâtiments en zones exposées au bruit (). Certains ERP - locaux sportifs, crèches, etc. - ne sont pas soumis à cette réglementation, mais son élargissement semble inéluctable. La vraie question est aujourd'hui d'appliquer réellement ces normes. A ce jour, 60 % des réalisations livrées présentent des non-conformités au plan acoustique, dues à des erreurs de conception et/ou de mise en œuvre…
N'oublions pas que les effets du bruit sur la santé, de même que son coût social, ont été évalués en 2016 à 57 milliards d'euros par an (1). L'attestation de conformité à la réglementation acoustique permettra au secteur de progresser, comme les contrôles post-RT 2012 ont permis d'avancer dans le domaine énergétique.
Les promesses de l'acoustique active se concrétiseront-elles bientôt ?
La réduction des nuisances sonores par acoustique active - schématiquement, par acquisition d'un bruit, traitement du signal en temps réel et émission d'un « contre-bruit » - a été développée, voici trente ans, pour… améliorer la furtivité des sous-marins. Elle s'est banalisée via certains casques de chantier et éléments de ventilation, et dans des casques audio grand public. Aujourd'hui, des industriels proposent des concepts fonctionnels de fenêtres actives qu'il est possible d'entrebâiller sans être gêné par le bruit extérieur.
La baisse du prix des composants électroniques et leur miniaturisation devraient permettre de disposer de séries industrialisées d'ici à deux ans.
Les métamatériaux ouvrent aussi de nouvelles pistes…
Ils sont en effet plus prospectifs et font l'objet de nombreuses recherches… De quoi s'agit-il ? D'organiser, à différentes échelles, la structure de la matière - bois, verre, etc. - pour
la doter de propriétés nouvelles, d'isolement ou d'absorption, à une gamme d'ondes donnée. Concrètement, cela pourrait déboucher, d'ici à dix ans, sur des revêtements isolants minces et ultra-absorbants, y compris aux basses fréquences, sur des écrans routiers à claire-voie mais qui protègent tout de même, etc. A plus grande échelle, dans le domaine vibratoire, ces métamatériaux permettront de neutraliser ou d'éviter la propagation des vibrations d'une ligne de chemin de fer, par exemple, dans un bâtiment. Les expériences sont encourageantes mais encore limitées à d'étroites bandes de fréquences. L'enjeu est le large spectre.
Le BIM favorise-t-il la prise en compte de l'acoustique ?
Le BIM permet, en phase de conception, de simplifier les échanges de données entre architecte et BET. Les outils de conception (acoustique, thermique, etc. ) intégrés arrivent sur le marché (AcoubatBIM by CYPE, par exemple, sur le plan acoustique). En passant d'un mode projet séquentiel où l'acousticien intervient à la fin - s'il intervient ! -à une coconception collaborative, la performance acoustique, à l'égal des autres impératifs réglementaires, prend place au meilleur moment, en amont du processus, dès l'implantation des bâtiments sur la parcelle. Cette optimisation, souvent considérée comme une contrainte et un surcoût favorise, sur le terrain et dans la durée, un meilleur rapport bénéfice/coût en termes d'usage et de santé. Demain, le BIM permettra, en phase de réalisation, de vérifier la conformité des travaux avec les plans d'exécution et d'éviter ainsi nombre de malfaçons acoustiques.