Ouvrages olympiques [Ep6] : les médias, l’autre village des Jeux

Si les athlètes des Jeux de Paris 2024 auront vue sur Seine, dans le village qui leur a été dédié entre Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Ile-Saint-Denis, une partie des journalistes et techniciens appelés à couvrir leurs exploits seront, eux, entourés de verdure au village des médias. Ce nouveau quartier a en effet été aménagé par la Solidéo plus à l’est en Seine-Saint-Denis, sur la commune de Dugny.

Sur les 25 000 représentants des médias dépêchés en France pour l’événement, les 1 500 occupants de cet autre village seront loin des pistes d’athlétisme des Invalides et du Stade de France, ou des terrains d’équitation du domaine de Versailles. En revanche, ils pourront se rendre à pied au parc des expositions du Bourget où a été installé l’IBC, l’International Broadcast Center, d’où seront diffusées les images des compétitions à destination du monde entier.

Cadre paysager

Depuis la fin 2021, quelque 950 logements ont ainsi été construits sur les pentes de deux emprises qui se font face, de part et d’autre d’une large départementale. Dans un environnement fortement marqué par les infrastructures, à commencer par les pistes voisines de l’aéroport du Bourget, et les équipements logistiques, les deux secteurs livrés profitent aussi d’un cadre paysager exceptionnel. Ils sont encadrés par les parcs de l’Aire des vents, d’une vingtaine d’hectares, et surtout Georges-Valbon. D’une superficie de 417 ha, il est souvent plus connu sous l’appellation du parc de la Courneuve.

© Drone Press/Solidéo - L'ensemble des espaces publics du village, comme ici dans le secteur du Plateau, a été conçu par l'agence D'Ici là dans le cadre d'un groupement porté par OGI.

Inauguré le 25 mars dernier, ce village d’habitations et de services aura, comme celui des athlètes, une seconde vie à l’issue des jeux olympiques et paralympiques. Par ailleurs, ce développement de 12 ha s’inscrit dans un projet d’une Zone d’aménagement concerté (ZAC) beaucoup plus étendue. D’une superficie de 70 ha, elle s’prend place sur les communes de Dugny, du Bourget et de la Courneuve.

« Accélérateur »

Le projet global mené par la Solidéo porte donc, outre sur la construction de ce nouveau quartier qui à terme accueillera 1 400 foyers, sur la transformation d’un parc sportif au Bourget, la reconquête de 13 ha de friches dépolluées pour agrandir le parc Georges-Valbon et, pour relier le tout par-dessus l’autoroute A1, sur la réalisation d’une passerelle piétons/vélos à l’étonnante structure en bois.

«La réflexion sur ce grand projet de territoire avait débuté avant la candidature de Paris pour les Jeux de 2024, explique Nathalie Poncin, responsable de cet ensemble à la Solidéo. Mais le projet olympique a été un véritable accélérateur de cette ambition. Et c’est nous qui avons créé la ZAC.»

Le village lui-même représente un pivot urbain et paysager. Edifié au sud du centre de Dugny, il amorce une continuité bâtie vers le Bourget. Surtout, il génère une nouvelle offre de logements, notamment en accession. Dugny, qui avait été détruit à 90% par les bombardements aériens de la Seconde guerre mondiale, propose en effet essentiellement de l’habitat social.

« Horizontalité »

Les deux secteurs déjà livrés ont des dispositions urbaines différentes : à la composition en plots jouant sur les variations de couleurs des façades de terre cuite du secteur du Plateau répond la répartition en grands vaisseaux sur celui de l’Aire des vents. A l’agence d’Hardel Le Bihan, en charge de la coordination de cette deuxième partie du village, l’architecte Raoul Collados fait part d’une «volonté de marquer une certaine horizontalité bâti pour souligner l’ouverture de parc à parc.»

© Drone Press/Solidéo - Les deux secteurs du village (ici, celui de l'Aire des vents) se font face et cultivent des morphologies bâties différentes.

Une constante unit toutefois les deux côtés de quartier en vallon : ils sont l’un comme l’autre largement paysagés, sur les emprises privées autant que dans les espaces publics. Conçus par un groupement composé notamment de l’agence D’ici là Paysage (qui a également réaménagé la colline d’Elancourt pour les compétitions olympiques de VTT), ces derniers ont été pensés pour créer des continuités écologiques avec les parcs voisins.

Cette liaison a aussi été réfléchie pour les piétons : une grande diagonale traverse l’ensemble, qui permet non seulement de rallier les espaces verts mais aussi certaines commodités comme une station du tramway T11.