A 15 km à l’est de Paris, le chantier de 70 ha touche à sa fin. Ce nouveau parc, la Haute-Ile, installé sur un ancien bras de la Marne, est déjà ouvert au public sur un tiers de sa superficie. Il pourrait, à terme, accueillir jusqu’à 500 000 visiteurs par an. Son intérêt écologique devrait attirer les riverains mais aussi des visiteurs de toute l’Ile-de-France. Le public disposera de points d’observation de la faune en milieu humide : c’est l’objectif du projet que d’en retrouver toute la richesse. « En France, les zones humides, réservoirs de biodiversité, ont subi une forte dégradation, explique Thierry Morin, responsable des parcs urbains de Seine-Saint-Denis. Dans le département, leur quasi-disparition impliquait de préserver à tout prix celle-ci. » De nombreux oiseaux sont déjà revenus, comme le pic, le hibou des marais et le martin-pêcheur.
Il faut franchir le canal de Chelles, au nord, pour accéder au parc et découvrir, dans sa partie dégagée, un univers d’eau marqué par des îles dont la plus grande est réservée à l’élevage de vaches et de brebis. Des aires de jeux et de pique-nique sont regroupées dans la partie ouest, tandis que dans la partie est, un « archéo site » propose des reconstitutions grandeur nature d’habitats du passé à partir des données de fouilles archéologiques effectuées sur le site et d’hypothèses de restitution. Trois époques sont représentées : un campement de chasseurs collecteurs du mésolithique (7 500/5 500 ans avant J.-C.), un village néolithique (4 500 ans avant J.-C.) et une ferme gauloise
Le conseil général, maître d’ouvrage, a voulu faire de ce parc une réserve biologique intégrale. Pas question de faire de cette friche boisée une base de loisirs tondue et léchée ! Une grande partie de la nature existante est conservée pour la laisser évoluer de façon spontanée et l’ouvrir au public.
En 2003, à l’issue d’un concours, le projet d’aménagement des paysagistes Allain Provost et Alain Cousseran est retenu. Il prévoit notamment la remise en fonction du bras mort du fleuve, le creusement de chenaux destinés à se remplir d’eau en période de crues, la création de mares et d’un réseau de canaux. La mise en place d’écosystèmes plantés complète cet environnement aquatique pour constituer un paysage qui évoluera avec les saisons.
La gestion du parc participera à la préservation de la biodiversité. Les prairies seront fauchées pour nourrir l’élevage de vaches et de brebis introduit depuis l’été dernier sur la grande île centrale. « Depuis sa conception, le projet a beaucoup évolué vers un parc écologique complet, explique Laurent Firmain, de l’agence Signes. Certains matériaux ont été modifiés afin de les mettre en conformité avec la classification Natura 2000. Une frayère à brochets a également été créée ». Même le chantier a été réalisé dans un esprit écologique. Pour éviter les rotations des camions, les matériaux ont été évacués par péniche, une opération pourtant coûteuse, et aucun apport n’a été prévu hormis les couches de roulement. Tous les ouvrages – ponts, pontons et abris – sont en bois « naturellement durable » (chêne, acacia, etc.). Un suivi de l’évolution du parc sera consultable dans un centre de documentation situé à l’entrée. Le public sera informé, sous forme pédagogique, de la gestion particulière de cette zone humide.
