Performance énergétique Plus d’une fenêtre sur trois à changer

La mise en œuvre de la loi Grenelle de l’environnement va accélérer la rénovation du parc de logements : 65 millions de fenêtres responsables de fortes déperditions thermiques devront impérativement être remplacées.

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Le parc français des fenêtres installées dans le résidentiel s’élève à 212 millions d’unités. 85 % datent d’avant 1999, c’est-à-dire d’avant les réglementations thermiques de 2000 et 2005 instaurant, si ce n’est des performances obligatoires, du moins des garde-fous à ne pas franchir. Sans en conclure que 180 millions de fenêtres doivent être impérativement remplacées, le cabinet Batim Etudes estime à 65 millions le marché potentiel de fenêtres « rénovables », c’est-à-dire dotées d’un simple vitrage et antérieures à 1981.

Il est prévu dans le projet de loi « Grenelle », qui sera présenté prochainement au Conseil des ministres, que l’Etat mettra en place des incitations financières pour accélérer la rénovation énergétique du parc résidentiel existant. L’objectif est de réduire les consommations énergétiques de 38 %, d’ici à 2020.

Sachant que les fenêtres représentent en moyenne 17 % de la surface d’un bâtiment d’habitation, elles sont responsables d’une déperdition thermique pouvant atteindre jusqu’à 10 % de la facture énergétique. C’est d’ailleurs cet argument – plus que les préoccupations acoustique et esthétique – qui incite les particuliers à entreprendre des travaux de rénovation.

Cerise sur le gâteau, l’instauration (en 2004) puis l’augmentation de 25 à 40 % du crédit d’impôt sur la rénovation des fenêtres a bel et bien sur-vitaminé un marché qui connaît des taux de croissance de 7 à 8 % par an, contre 3 % antérieurement. Résultat : la rénovation a représenté, en 2007, près de 63 % des 9 millions de menuiseries vendues dans le secteur du résidentiel.

Le PVC toujours en tête

Mais changer pour changer n’est pas la panacée. « La rénovation, c’est d’abord un diagnostic de l’existant. On peut, par exemple, très bien conserver des dormants en bon état », conseille Jean-Luc Marchand, délégué général du SNFA, le Syndicat national de la construction des fenêtres, façades et activités associées. « C’est également la prise en compte des besoins du consommateur au-delà des pures performances thermiques. Pour faire le meilleur choix, il faut penser aux autres avantages que peut avoir une fenêtre à la fois en termes de protection, d’apport solaire, de fonctionnalité ou encore d’esthétique. »

Le message est difficile à faire passer, selon les professionnels. Ainsi, la prescription de volets roulants associés à une fenêtre demeure encore très marginale (environ 10 %).

En revanche, dès qu’un particulier a décidé une rénovation, il est très déterminé à la fois sur les types de matériau et de vitrage.

Rapport qualité-prix oblige, le PVC se taille la part du lion avec 68 % sur le créneau des maisons individuelles et du collectif privé. Part qui atteint même 84 % dans les immeubles en copropriété et les HLM.

Le bois se fait grignoter par l’aluminium

De son côté, le bois se fait régulièrement grignoter par l’aluminium, dont les performances thermiques et esthétiques ont capté une clientèle qui a vu les profilés s’affiner au profit du clair de vitrage. Vitrage double à isolation thermique renforcée, qui tend à devenir la norme, avec 65 % de part de marché. Et, si l’on ajoute les vitrages à acoustique renforcée et anti-effraction, les produits dits « performants » représentent plus de 80 % des prescriptions. Selon Batim Etudes, le marché s’oriente donc vers la disparition du double vitrage clair, désormais passé sous la barre des 20 %, alors qu’il affichait encore 48 % en 2002.

Quid du triple vitrage ?

Promu par les grands verriers qui y voient logiquement un intérêt économique, le triple vitrage est, depuis le dernier salon Batimat, l’objet de toutes les polémiques. Le Syndicat national de la construction des fenêtres, façades et activités associées y avait dévoilé une étude comparative entre les doubles et les triples vitrages. Réalisée par le cabinet PougetConsultants, elle arrivait à la conclu-sion que les gains de consommation énergétique avec le triple vitrage étaient faibles, voire négatifs. « Si l’isolation est améliorée, elle s’accompagne de la détérioration d’apport solaire due à la couche verrière supplémentaire, estimait cette étude. Les gains en énergie sont totalement disproportionnés avec l’augmentation des coûts et les surconsommations de matières premières. » Et Jean-Christophe Visier, directeur du service énergie et environnement du CSTB, d’enfoncer le clou : « Le triple vitrage à la française, cela peut être un très bon double vitrage associé à une bonne protection solaire, par exemple un volet bien étanche. Et l’idéal serait ensuite d’imaginer l’automatisation du système pour qu’il s’ouvre aux moments où on a pleinement intérêt à profiter du soleil, et qu’il se ferme les nuits froides ou les jours d’été où le soleil nous surchauffe. »

Un marché de plus à développer.

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