Poitiers Un cœur de ville qui bat à l'italienne

Le projet Cœur d'agglo, sous la houlette des architectes-urbanistes Ateliers Lion et des paysagistes de l'agence Ilex, a conduit à la piétonnisation et à la mise en accessibilité de plus de 38 000 m² d'espaces publics au centre de Poitiers. Cet aménagement sobre mais radical s'accompagne d'un plan de circulations et va aller de pair avec le développement du réseau de bus.

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Depuis l'été 2012, les Poitevins se promènent dans un centre-ville apaisé. Après trois ans de travaux, le projet Cœur d'agglo a transformé 38 690 m² de rues et places circulées en un espace public unifié à dominante piétonne.« Ce projet conforte le statut de capitale régionale de Poitiers en ramenant de l'animation en centre-ville, en complément de pôles périphériques comme le Futuroscope ou les centres commerciaux », déclare Yves Pétard, directeur général adjoint des services, chargé du projet. A l'issue d'un marché négocié de maîtrise d'œuvre, qui a conduit à de nombreux échanges entre la Ville et les finalistes, les Ateliers Lion ont été choisis aux côtés de l'agence de paysage Ilex. « Ce mode de sélection a permis d'évaluer une sensibilité au territoire plutôt que des images de concours poussant à une surenchère de design », estime Nadia Herbreteau, d'Ilex. Le projet brille, en effet, par son côté sobre et épuré. Un seul matériau, du calcaire de Comblanchien, a servi de revêtement.

« Le centre avait déjà son intensité et sa qualité architecturale. Nous ne devions pas ajouter beaucoup pour le révéler », explique Yves Lion. Seul le calepinage varie, suivant trois modèles : des dalles rectangulaires (15 x 70 cm) à l'allure de parquet pour les espaces centraux comme la place du Maréchal-Leclerc, des dallettes carrées (15 x 15 cm) pour les rues en continuité, et une modénature en pavés tressés pour d'autres, plus sinueuses. Une stratégie végétale discrète ponctue les rues élargies. Dernière étape du projet, l'ouverture du jardin de Puygarreau situé derrière la mairie a été repoussée à fin 2013 en raison de fouilles archéologiques. « On passe de reliquats d'espaces publics à des lieux de vie, dans l'esprit de places à l'italienne », résume Sophie Melchior, architecte-urbaniste aux Ateliers Lion.

Un autre parti pris a été de rendre le centre-ville accessible, en supprimant les obstacles et les ruptures entre voirie et trottoirs. La mairie a pour cela défini l'accessibilité au sens large. « Nous nous sommes méfiés d'un intégrisme réglementaire qui ne prendrait en compte que les personnes en fauteuil, expose Yves Pétard. Nous avons préféré envisager une vaste palette de handicaps (malvoyants, agoraphobes, cardiaques) en offrant des espaces dégagés et simples d'utilisation. » L'aménagement de la place Leclerc l'illustre. Autrefois creusée par un bassin bordé d'escaliers, elle prend une forme de vague ondulée, remontant vers l'escalier/rampe de la mairie. Ailleurs, la majorité des espaces est traitée sans bordures ou de 2 cm, même là où le bus circule.

Le choix des rues à piétonniser s'est fait de façon à relier le Jardin des plantes, au nord, au parc de Blossac, au sud, et à compléter les rues piétonnes de l'hypercentre. Des ayants droit (voitures munies de badges) peuvent encore y pénétrer. « La piétonnisation est radicale mais pas aveugle. Les révisions des circulations ont fait l'objet d'échanges avec la population », rappelle Yves Pétard. Elle a aussi été facilitée par 4 000 places de stationnement à proximité du centre. Le schéma de circulation se déploie en « marguerite », avec des avancées des boulevards périphériques vers le centre et un fléchage vers les parkings. « Nous avons montré qu'il était possible d'améliorer la qualité du centre-ville, tout en maintenant une accessibilité en voiture », se félicite Philippe Gasser, du bureau d'études en déplacements, Citec. La maîtrise d'ouvrage semble conquise. Les Ateliers Lion ont été désignés, avec Ingérop (mandataire), pour poursuivre le déploiement du bus à haut niveau de service en cœur de ville, soit 3,5 km de réseau d'ici à 2015.

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