Pompes à chaleur : les pistes du gouvernement pour doper la production

Emmanuel Macron a annoncé lundi 25 septembre sa volonté de tripler le nombre de pompes à chaleur produites sur le sol français d'ici 2027, à un million d'unités par an, dans le cadre de la planification écologique du gouvernement pour réduire les émissions de CO2 du pays. Mais comment faire ?

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Pompe à chaleur.

Pour 2022, le ministère de la Transition écologique recense "plus de 2,6 millions de pompes à chaleur air-eau" installées en France  -dont 350 000 durant l'année 2022 - sur 30 millions de logements. Par ailleurs, quelque 700 000 PAC air-air se sont vendues en France en 2022, surtout dans le sud pour climatiser.

Mais, même s'il existe une dizaine de fabricants en France la plupart de ces appareils sont produits à l'étranger.

Comment alors atteindre l'objectif annoncé par Emmanuel Macron lundi 25 septembre de tripler le nombre de pompes à chaleur produites sur le sol français d'ici 2027, à un million d'unités par an ?

Des mesures pour stimuler l'offre et la demande

L'Etat va ajouter 1,6 milliard d'euros aux aides à la rénovation énergétique, portant à 5 milliards d'euros le budget de la rénovation énergétique des logements (MaPrimeRenov'..). Il vise au moins "200 000 rénovations d'ampleur l'an prochain", c'est-à-dire avec isolation et chauffage, indique-t-on au ministère de la Transition énergétique. L'idée, c'est donc de faire en sorte que les subventions aux rénovations profitent à des industriels et des emplois français.

Le gouvernement vise notamment à "relocaliser plusieurs des briques technologiques qui composent la pompe à chaleur en faisant revenir des composants en France". En particulier les compresseurs dont aucun n'y est fabriqué, pas même en Europe.

En effet, les fabricants français de PAC, majoritairement des entreprises familiales font de l'assemblage. Une entreprise comme Intuis, par exemple possède le label Origine France Garantie, car plus de 50% de leurs composants sont fabriqués en France. Mais pas 100%.

Pour "relocaliser", des crédits d'impôts sont prévus dans la loi de finance 2024 et la loi Industrie verte. Pour parvenir à l'objectif, le gouvernement prévoit une enveloppe de "3 à 400 millions d'euros de crédit d'impôt pour quelque 2 milliards d'investissement productif", soit un soutien à hauteur de 20 à 25% des nouveaux investissements, indique le ministère de l'Industrie.

Le gouvernement prévoit aussi des mesures d'accès au foncier pour construire ou agrandir des usines existantes.

Une enveloppe de 30 millions d'euros est prévue pour encourager l'innovation.

Le gouvernement "réfléchit" aussi, mais à partir de 2025 seulement, à la mise en place d'une "écoconditionnalité" sur les aides aux pompes à chaleur, c'est-à-dire à réserver les subventions aux modèles qui remplissent certains critères vertueux (impact environnemental du produit, conditions de transport). Une telle mesure devrait privilégier le "fabriqué en France".

Un coup de fouet pour l'export

Autre effet verteux de l'ambition présidentielle : un triplement de la capacité de production de PAC en France signifie en produire 1 million par an d'ici la fin du quinquennat, et cela représente 2 milliards d'euros d'économies dans la balance commerciale tous les ans, avance-t-on de source gouvernementale.

La France étant en avance sur le plan industriel sur ses voisins - c'est un marché encore quasi inexistant en Angleterre et faible en Allemagne - l'objectif est aussi d'exporter. Car la pompe à chaleur est considérée comme une "filière industrielle stratégique" par l'Union européenne, où le marché est estimé à 5 millions d'unités par an d'ici 2030.

« L’intention de réindustrialiser en France la production de pompes à chaleur est bonne »

« L’intention de réindustrialiser en France la production de pompes à chaleur est bonne ! Et nous sommes aussi heureux que le gouvernement fixe un objectif d’un million de PAC produites d’ici à 2027. Nous avons cependant des interrogations sur le rythme : à l’UMGCCP, nous avions préconisé ce chiffre pour 2030, il va donc falloir nous accompagner sur les enjeux de formation et de recrutement pour pouvoir tenir la cadence. Nous sommes aussi satisfaits que la chaudière gaz ne soit pas interdite, car nous avons de nombreuses situations, comme les chauffages individuels en logements collectif, où il n’y a pas d’alternative au gaz. Enfin, ce rythme soutenu nécessitera une vigilance accrue concernant la fraude. »

Bruno Lannerée, délégué général de l’UMGCCP-FFB

Propos recueillis par Victor Dubois-Carriat

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