Un million de PAC produites en France : l’annonce est réjouissante, mais le chemin est étroit

La production européenne de pompes à chaleur est à l’évidence appelée à se développer. Mais pour tirer son épingle du jeu, la France devra miser davantage sur la reconversion de sites anciens que sur des investissements ex nihilo.

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Auer, fabricant français de chauffe-eau thermodynamiques et de pompes à chaleur dans la Somme
Auer, fabricant français de chauffe-eau thermodynamiques et de pompes à chaleur dans la Somme

François Deroche, président de l’Association des fabricants de pompes à chaleur (Afpac), est plus que satisfait de l’annonce d’Emmanuel Macron, lundi 25 septembre, de produire 1 million de pompes à chaleur (PAC) en France d’ici 2030.

« Nous voyons dans ces annonces la reconnaissance de la PAC comme un système-clé pour la décarbonation », souligne-t-il. Quant à l’ambition de développer une production française, il l’estime tout à fait réaliste. « La pompe à chaleur air-eau est une technologie européenne, portée par une demande avant tout européenne », explique-t-il. L’analyse faite par l’association industrielle européenne EHPA décompte 167 sites industriels en Europe, dont une trentaine en France. Sur cette carte, nous avons retenu ceux produisant directement dans notre pays des PAC et des chauffe-eaux thermodynamiques (hors ceux produisant des composants pour ces industries).

La situation, toutefois, pourrait rapidement évoluer. Réagissant au rachat de l’activité pompes à chaleur de Viessmann par l’américain Carrier, le ministre allemand de l’Economie Robert Habeck soulignait en avril dernier l’enjeu d’une baisse des prix pour rester compétitifs face à l’arrivée d’acteurs chinois sur le marché de la PAC air-eau, qui pourrait se mondialiser.

Il faudra donc choisir ses combats. « Il ne faudra pas se battre sur les technologies actuelles, estime le PDG d’Airwell Laurent Roegel. Les PAC totalement intérieures et donc sans émission sonore, les produits qui améliorent la qualité de l’air, la géothermie et bien sûr les PAC comme maillon d’un système énergétique global du bâtiment sont autant d’éléments qui différencieront l’industrie européenne. » Une stratégie éprouvée, qui consiste à se battre pour les produits à haute valeur ajoutée, sans s’épuiser dans une course avec des acteurs chinois qui, note Laurent Roegel, « seront toujours moins chers tout en étant très qualitatifs. »

L’investissement en Europe pourrait donc avoir de beaux jours devant lui. Mais qu’en sera-t-il de la France ? Un tableau publié par l’Agence internationale de l’énergie fait le point sur les annonces récentes des industriels du secteur en Europe (à quoi s’ajoutent d’autres annonces en 2023, dont celle du milliard d’euros investi par Vaillant en Slovaquie). La France n’est pas une seule fois citée.

Barrières invisibles

Pourtant, un facteur devrait jouer : la reconversion des sites actuels produisant des chaudières au gaz. Si elles ont pour cette fois échappé à l’interdiction, leur avenir semble toutefois compromis. Et même si elles conservaient une part du marché, leur avenir est nécessairement à la décroissance. De quoi inciter les industriels du chauffage, très présents en France, à transformer rapidement leur appareil productif pour basculer vers des produits non seulement en phase avec le marché français, mais aussi exportables vers les pays voisins. « C’est d’ailleurs dans cette direction que les Pouvoirs publics devraient flécher leurs dispositifs de soutien, estime Laurent Roegel. Il faut encourager avant tout les productions à forte valeur ajoutée, qui généreront de l’exportation. »

Se pose aussi indirectement la question d’une protection européenne du marché. Des réflexions sont d'ailleurs cours pour faire évoluer les critères de MaPrimeRénov’, en soutenant davantage les productions européennes. « C’est, d’une façon détournée, ce que fait l’Union européenne avec la réglementation environnementale sur les fluides frigorigènes », estime Laurent Roegel. Les évolutions en cours sur le règlement F-Gas, qui pourraient généraliser le propane comme fluide caloporteur au lieu des fluides de synthèse actuellement utilisés, créeraient une singularité nouvelle sur le marché européen. De quoi justifier des investissements industriels significatifs sur le continent.

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